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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xiii.

convaincre d’absurdité ces opinions que celui qu’Asclépiade s’imagine avoir si savamment inventé.

« En effet, dit-il, de tous les organes, le poumon est le seul où les artères (v. pulmon.) soient douées d’un double mouvement, l’un qu’elles ont d’elles-mêmes, attendu qu’elles battent en vertu de leur propre substance ; l’autre, qui dépend de l’acte respiratoire et qui est dû à l’agitation perpétuelle du poumon ; elles diminuent donc de volume (mot à mot, s’amaigrissent), tandis que les artères des autres parties, exécutant avec modération un mouvement unique et propre, sont par cela même fortes et puissantes. Les veines du corps entier, ajoute-t-il, dénuées de mouvement, s’atrophient avec raison, comme un esclave paresseux qui ne prend pas d’exercice ; tandis que celles du poumon (art. pulmon.), qui obéissent au mouvement du viscère, acquièrent de l’épaisseur, comme les gens qui se livrent à un exercice modéré[1]. »

Mais, ô le plus sagace de tous les hommes ! si je voulais, Asclépiade, relever ainsi les autres vices de vos raisonnements, cela demanderait plus de temps que je n’en puis perdre. Mais ces erreurs qui n’échapperaient pas à un enfant, qui, à plus forte raison, ne devraient pas échapper à un homme si plein de lui-même, sont au nombre de deux : elles proviennent, l’une du dédain pour les dissections ; l’autre, de l’ignorance des principes du raisonnement. Si vous saviez l’anatomie, vous reconnaîtriez aisément avec nous, qu’une artère diffère d’une veine, non-seulement par l’épaisseur, mais encore par le nombre et par la texture des tuniques. En effet, la tunique intérieure, qui est épaisse et dure, qui est munie de fibres transversales, n’existe absolument pas dans les veines (voy. p. 387 note 1 medio). Pour vous, qui vous êtes peu inquiété de vérifier si elle existe ou non, vous osez faire parade de savoir sur des questions où vous manquez de notion précise, vous qui conspuez la science anatomique d’Hérophile, qui condamnez Érasistrate et qui faites peu de cas d’Hippocrate. Est-ce que véritablement vous ignorez que les veines (veines pulmon.) du poumon

  1. On a vu dans les chap. xxi et xxii du livre I qu’Asclépiade avait émis la même opinion au sujet des tendons. L’histoire de la doctrine des causes finales me conduira tout naturellement à l’appréciation de cette opinion considérée dans sa plus grande généralité et dans ses applications de détail.