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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xii.

la nature. Quant à nous, si l’on nous demande pourquoi la nature des vaisseaux du poumon est intervertie, la veine offrant les caractères de l’artère et l’artère ceux de la veine, nous répondrons en alléguant la cause réelle et première, c’est que, dans ce seul viscère, il était préférable que la veine fût dense et l’artère poreuse. Telle n’est pas la réponse d’Érasistrate ; la voici : « La veine naît à l’endroit où les artères qui vont se distribuer dans tout le corps, ont leur principe, et s’ouvre dans la cavité sanguine ; l’artère, de son côté, née là où commencent les veines, s’ouvre ensuite dans la cavité pneumatique du cœur[1]. »

    et aux qualités primitives ou secondaires de la matière, et je crois trouver une exposition d’une cause matérielle dans ce que Galien rapporte d’après Platon, p. 426-7. Ces deux causes rentrent évidemment dans la cause matérielle d’Aristote ; seulement l’une est plus éloignée que l’autre. Cela ressort clairement entre autres du commencement du traité Sur la génération des animaux, où il est dit : « La matière pour les animaux, ce sont les parties, pour le tout et l’ensemble, ce sont les parties dissimilaires, pour celles-ci les similaires et pour les similaires les éléments. » Du reste Aristote lui-même se sert aussi quelquefois de l’expression ἐξ οὗ pour désigner la cause matérielle (voy. Metaph., VI, vii). Galien d’ailleurs ne semble pas s’en tenir très-rigoureusement à cette distinction entre cause matérielle et instrumentale (p. 426, l. 12-17 et p. 426, l. 24) qui ne nous paraît pas très-logique ; en faisant ainsi des genres spéciaux de causes des diverses causes appartenant à la même classe d’Aristote, suivant qu’elles sont plus ou moins éloignées, on pourrait multiplier à l’infini le nombre des causes. - La forme dubitative sous laquelle Galien parle de la cause formelle (πέμπτον, εἰ βούλει, τὸ καθ᾽ ὅ) tient probablement à ce que, suivant Aristote, pour les corps naturels la cause formelle et la cause finale sont identiques. Ainsi nous lisons Metaph., VI, iv : Τί δ᾽ὡς τὸ εἴδος (αἰτία ἀνθρώπου) ; τὸ τὸ ἦν εἶναι. Τί δ᾽ὡς οὗ ἕνεκα ; τὸ τέλος· ἴσως δὲ ταῦτα ἄμφω τὸ αὐτό. — De gener. anim., I, i : Ὑπόκειντναι γὰρ αἰτίαι τέτταρες, τό τε οὗ ἕνεκα, ὡς τέλος, καὶ ὁ λόγος τῆς οὐσίας. Ταῦτα μὲν οὖν ὡς ἕν τι σχεδὸν ὑπολαβεῖν δεῖ, κ. τ. λ.Phys. auscult., II, vii, p. 27, l/ 22 : Καὶ ἐπεὶ ἡ φύσις διττὴ, ἡ μὲν ὡς ὕλη, ἡ δ᾽ὡς μορφὴ, τέλος δ᾽ αὔτη, τοῦ τέλους δ᾽ ἕνεκα τὰ ἄλλα, αὕτη ἂν εἴν ἡ αἰτία ἡ οὗ ἕνεκα. — De gener et corr., II, ix, p. 463, l. 36 : Διὸ, καὶ ὡς μὲν ὕλη τοῦτ᾽ (τὸ δυνατὸν εἶναι καὶ μὴ εἶναι) ἐστὶν αἴτιον τοῖς γενητοῖς, ὡς δὲ τὸ οὗ ἕνεκεν ἡ μορφὴ καὶ τὸ εἴδος, τοῦτο δ᾽ἐστὶν ὁ λόγος ὁ τῆς ἑκάστου οὐσίας. — Hoffmann (l. l., p. 114-115) assimile aussi le καθ᾽ ὅ de Galien au τὸ εἴδος d’Aristote. — Cf. aussi Theses Piccarti De Causis, anno 1603, si toutefois on a le courage de les lire.

  1. M. Littré, qui cite ce passage dans son Introduction aux œuvres d’Hippocrate, p. 221-2, pense qu’il s’agit de la naissance de tous les vaisseaux artériels et veineux du corps, mais, si je ne me trompe, ni le contexte, ni les doctrines d’Érasistrate ne permettent une pareille interprétation. On voit manifestement en lisant tout ce chapitre et en considérant comment la citation d’Érasistrate est amenée