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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

Sur chaque espèce de cause et pour toutes les parties du corps, nous demanderons une réponse, si on a réellement étudié

    du fond de la question que sous celui des expressions. Au premier abord on croit remarquer une contradiction dans les deux énumérations de Galien, mais en y regardant de plus près, on reconnaît qu’elles sont parfaitement identiques : la seule différence qui existe entre elles, c’est que dans la première il place la cause matérielle (τὸ ἐξ οὗ) avant la cause instrumentale (τὸ δι᾽ οὗ), tandis que dans la seconde énumération il suit l’ordre inverse. Passons maintenant à Aristote. Il distingue (Phys. auscult.. II, 3, Metaph., IV, 2 ; cf. De somno et vig., 2) la cause matérielle (ἐξ οὗ γίνεταί τι ἐνυπάρχοντος), la cause formelle (τὸ εἰδος καὶ τὸ παράδειγμα), la cause motrice (ὅθεν ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως, ou ὅθεν ἡ ἀρχὴ τῆς μεταβολῆς ἢ τῆς ἠρεμήσεως), et la cause finale (τὸ τέλος, τὸ οὗ ἔνεκα). — Ces quatre causes se retrouvent intégralement dans les énumérations de Galien ; seulement il a coupé la cause matérielle en deux, conservant à la cause matérielle éloignée son nom primitif et donnant à la cause matérielle plus rapprochée celle de cause instrumentale (τὸ δι᾽ οὗ, τὴν ἐκ τῶν ὀργάνων). Galien désigne la cause finale, qu’il appelle la principale, la première et la plus parfaite des causes (p. 422 et 426, l. 9-12), par le terme δι᾽ὅ, expression qui sert chez Aristote à désigner la relation causale en général (voy. Physicæ. ausc., II, III et VII ; Metaph., I, III). Pour désigner la cause motrice Galien se sert du terme ὑφ ᾽οὗ qui est également quelquefois employé par Aristote dans le même sens (voy. par exemple Métaph., VI, vii, p. 544, l.  10 et 15). Galien prend ce terme comme synonyme de ἡ ἐκ τοῦ δημιουργοῦ (le Créateur) et nous voyons par là qu’en parlant de la cause motrice, il a principalement en vue la cause motrice éloignée et universelle de tous les êtres, c’est-à-dire Dieu ; Aristote au contraire parle ordinairement sous cette rubrique d’une cause plus rapprochée, car, dit-il (Metaph., VII, iv, p. 561, l. 49) δεῖ δὲ τὰ ἐγγύτατα αἴτια λέγειν (il faut parler des causes les plus prochaines). Ainsi dans le même endroit il dit que la cause motrice de l’homme est le sperme et dans d’autres endroits (Phys. auscult., II, iii, Metaph., IV, ii) il dit que le père est la cause motrice de la progéniture. Cette manière de voir ressort encore très-manifestement du commencement du traité De la génération des animaux. Il annonce en effet qu’ayant déjà exposé (dans le traité Des parties des animaux et dans celui De la marche des animaux) la cause matérielle et la cause finale (laquelle, ainsi que nous allons le voir, est pour les corps naturels, identique avec la cause formelle) de toutes les parties excepté celle des organes de la génération, le sujet du traité qu’il va maintenant commencer, consiste à étudier la cause motrice de toutes les parties, et toutes les causes des parties destinées à la génération. Aristote ne mentionne que rarement (par exemple Phys. auscult., II, vii, p. 270, l. 1, et Metaph., XI, iv, p. 602, l. 45) une cause motrice première et éloignée sous le nom de τὸ πρῶτον πάντων. — Si j’ai bien saisi la distinction de Galien entre cause instrumentale et cause finale, la première comprend toutes les circonstances qui se rapportent à la disposition des organes : ainsi, si je ne me trompe, l’endroit cité d’Érasistrate, p. 422, fournit l’exemple d’une cause instrumentale. La cause matérielle, dans le sens de Galien, comprend tout ce qui se rapporte aux éléments