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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, x-xi.

attention, je donne pour base à mon discours une démonstration déjà faite ailleurs (Facultés natur., III, xv ; cf. aussi Utilité des parties, VI, xvii et XVI, xiv) :

Dans tout le corps les artères s’abouchent avec les veines et échangent entre elles l’air et le sang au moyen d’ouvertures invisibles et extrêmement fines. Si le grand orifice de la veine artérielle (orifice auric.-ventr. droit) eût été toujours également ouvert, et que la nature n’eût pas inventé un moyen pour le fermer et l’ouvrir tour à tour dans le temps convenable, jamais le sang par les ouvertures invisibles et étroites n’eût pénétré dans les artères quand le thorax se contracte[1]. Toutes choses n’ont pas la même propension à être attirées ou rejetées par toute espèce de corps. Si une substance légère, plus facilement qu’une lourde, est attirée par la dilatation des organes et rejetée par leur contraction, ce qui marche dans un conduit large est plus facilement attiré et réciproquement plus facilement renvoyé que ce qui chemine dans un conduit étroit. Quand le thorax se contracte, les artères du poumon à tunique de veine (veines pulmonaires), intérieurement repoussées et refoulées avec force de toutes parts, expriment à l’instant le pneuma qu’elles renferment, et en échange s’imprègnent par ces étroits conduits de particules de sang[2], ce qui n’eût jamais été possible si ce sang eût pu rebrousser chemin par le grand orifice [auriculo-ventr. droit] qui existe à cette veine du côté du cœur. Dans l’état actuel, quand la veine est comprimée de toutes parts, le sang trouvant le passage fermé à travers le grand orifice, pénètre en gouttes fines dans les artères par ces étroits conduits. L’avantage notable qui en résulte pour le poumon frappe déjà peut-être les esprits qui se rappellent ce que j’ai dit au sujet de son alimentation. S’il en est autrement (c’est-à dire si on n’est pas convaincu), je reviendrai sur ce sujet[3], après avoir terminé d’abord la question actuelle.

  1. C’est là en réalité tout ce que Galien savait de la petite circulation, ainsi qu’on le verra dans la Dissertation sur la physiologie. Sa théorie ne lui permettait même pas d’en savoir davantage. — Cf. p. 437, note 1.
  2. Ce sont les artères veineuses (veines pulmonaires) qui dans la théorie ancienne transmettent par le moyen du cœur et des artères le pneuma à tout le reste du corps.
  3. Il paraît que Galien a trouvé tout le monde parfaitement convaincu, car il ne revient qu’indirectement sur ce sujet dans le chap. xvii.