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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

quand nous faisons une grande inspiration, que nous parlons à haute voix, ou que de toute autre façon nous ramenons de tous cotés le thorax en tendant fort énergiquement tous les muscles. Dans aucune de ces circonstances les ramifications des veines ne sont complétement exemptes de compression ni de contraction. Si donc le thorax est comprimé et resserré, le sang redescendra aisément de toutes les ramifications, reviendra au premier orifice et sera reporté en arrière. Il en résulte un triple inconvénient : d’abord le sang exécute inutilement et sans fin ce double voyage ; quand le poumon se dilate, le sang coule et remplit toutes les veines du poumon ; quand il se contracte, il s’opère comme un reflux qui se meut sans cesse ainsi que les flots dans un détroit, reflux qui donne au sang un mouvement de va-et-vient qui ne lui est nullement propice. Ce désagrément est peut-être léger [par lui-même] ; mais la gêne qui en résulte pour l’utilité de la respiration n’est pas un inconvénient médiocre. Car si la meilleure condition était que la plus grande quantité possible d’air fût attirée par un seul acte de la respiration quand nous inspirons, et expulsée quand nous expirons, ce résultat ne peut se produire si les artères ne se dilatent et ne se contractent pas le plus possible aussi. Or, plus l’action des veines se rapproche de celle des artères, plus elles gênent et détournent l’étendue du mouvement de ces artères [en les comprimant]. On voit combien nuiraient à l’ensemble de la respiration, la dilatation et la contraction des organes de la nutrition (c’est-à-dire des veines). En effet, leur repos doit être complet comme s’ils n’existaient pas et n’occupaient aucune place dans la poitrine où se dilatent et se contractent les organes respiratoires. Il convient, en effet, à ceux-ci d’avoir toute la place libre ; ils peuvent ainsi, dans l’inspiration, en se dilatant le plus possible, attirer du dehors la plus grande quantité d’air possible, et dans l’expiration, en se contractant aussi le plus possible, expulser également la plus grande quantité d’air possible. Un troisième inconvénient eût accompagné le retour en arrière du sang dans l’ expiration, si notre Créateur n’eût imaginé les épiphyses membraneuses (valvules). Quelles sont ces membranes, et comment elles préviennent le retour du sang, vous ne tarderez pas à le comprendre clairement (chap. xiv). Je vais dire maintenant combien leur absence serait préjudiciable à l’animal ; prêtez-moi donc votre