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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, x.

une anomalie complète sous le rapport de l’alimentation et de l’aspect de sa substance. En effet, vous ne sauriez trouver une autre partie qui soit aussi légère et aussi aérienne ; vous n’en trouverez pas qui soit nourrie d’un sang à beaucoup près aussi pur, aussi léger et aussi vaporeux. Si les veines dont la tunique est épaisse et serrée lui fournissent un sang trop peu abondant, les artères comblent la différence en lui versant en grande quantité un sang léger, pur et vaporeux. Mais cela ne suffisait pas à un viscère si chaud et si agité. C’est pourquoi la nature a créé dans son intérieur des veines très-grosses, afin que, si l’épaisseur de leur tunique les empêche de distribuer une nourriture assez abondante, ce défaut soit amoindri par leur volume. La nature, pour lui procurer une alimentation suffisante, a encore ménagé trois autres ressources qu’elle savait aussi être nécessaires [dans un autre but] : l’une, c’est l’abondance de chaleur naturelle qui divise en petites parcelles et dissémine tout l’aliment, afin qu’il soit plus facilement vaporisé ; l’autre, c’est la dilatation du poumon pendant l’inspiration, dilatation qui arrache ainsi violemment quelque chose même aux organes les plus serrés (c’est-à-dire, aux ramifications des veines pulmonaires) ; la troisième et la plus importante, c’est que le sang qui est envoyé au poumon seul, par le cœur, est parfaitement élaboré et atténué dans ce dernier viscère.

Ce n’est pas la seule raison pour laquelle il était préférable que le poumon fût nourri par le cœur : une autre raison encore, nous avons promis au commencement de ce chapitre de la développer, c’est que le poumon devait être pourvu de veines à tuniques d’artères, et d’épiphyses membraneuses, tuniques et épiphyses qui ne pouvaient être ni les unes ni les autres engendrées par la veine cave. De ces deux points, le premier (c’est-à-dire la nécessité de tuniques artérielles) est déjà démontré ; il convient de passer au second. Ce point, c’est qu’il valait mieux pour l’orifice de cette veine artérielle (orifice auriculo-ventriculaire droit) être pourvu de membranes de la forme et de la grandeur qu’elles ont effectivement. Bien que le vaisseau ait été créé très-épais et très-fort pour ne pas se dilater ni se contracter aisément, il n’est pas doué d’une telle résistance qu’il ne soit vaincu par l’action si énergique, si grande, si impétueuse, d’un organe comme le thorax, surtout