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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

à travers la tunique des vaisseaux, le poumon court donc risque de manquer d’un vaisseau nourricier puisque la tunique de la veine a été créée très-épaisse. Mais il vous suffira, je pense, pour découvrir une autre preuve de l’admirable prévoyance de la nature, de vous rappeler à cet égard les observations suivantes : que certaines parties dans les animaux réclament pour nourriture un sang plus épais et, pour ainsi dire, bourbeux ; que d’autres au contraire veulent un sang plus léger et plus vaporeux[1] ; que toutes les autres, y compris les artères et les veines, participent à tous les genres d’aliment [les uns plus les autres moins] ; les premières demandent un sang peu abondant, ténu et vaporeux, tandis que les veines réclament un pneuma peu abondant, mais épais et nébuleux. S’il en est donc bien réellement ainsi et que la substance du poumon, au lieu de réclamer comme le foie une nourriture épaisse et bourbeuse pour ainsi dire, la veuille ténue, légère et vaporeuse, on voit que le Créateur des animaux a tout disposé admirablement. En effet, chaque partie est nourrie d’aliments analogues à sa nature, comme nous l’avons démontré. Or, la substance du poumon est légère, poreuse et comme formée d’une concrétion d’écume de sang ; elle a besoin, en conséquence, d’un sang vaporeux, léger, pur, et non pas comme le foie, d’un sang épais et bourbeux. C’est pourquoi ses vaisseaux ont une nature non-seulement opposée à celle des vaisseaux du foie, mais encore aux autres parties de l’animal. Dans celles-ci, la tunique du vaisseau distributeur du sang étant ténue et poreuse, ce vaisseau verse facilement aux organes environnants une grande quantité de sang épais. Dans le poumon, comme cette tunique est épaisse et serrée, elle ne laisse échapper que la portion la plus subtile du sang. Dans les autres parties, les artères, pourvues de tuniques épaisses et serrées, ne permettent aux parties environnantes que d’avoir une quantité très-faible d’un sang vaporeux. Dans le poumon seul, elles livrent à une grande quantité d’autre sang une issue plus large, étant incapables de le retenir vu leur enveloppe mince et poreuse.

Ainsi le poumon présente, avec toutes les autres parties du corps,

  1. Voy. pour cette proposition la Dissertation précitée. — Cf. aussi liv. IV, chap. xv, fine, et Hoffman, l. l., p. 108-109.