Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/441

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
409
DES ORGANES RESPIRATOIRES.

rons comment la veine cave ne pouvait donner naissance ni à un vaisseau artériel, ni à des membranes semblables. Si ces divers points ne sont pas d’abord exposés, on ne saurait démontrer l’utilité de la création de la cavité droite du cœur. Commençons donc par la première question, et prouvons que le poumon trouve avantage à posséder une artère à tunique de veine, et une veine à tunique artérielle. La question paraît double et comme gémellaire. En effet, il ne faut pas prouver seulement qu’il est avantageux au poumon d’avoir une veine à tunique épaisse et une artère à tunique mince, il faut prouver encore que, dans toutes les autres parties de l’animal, il était plus avantageux que la tunique de l’artère fût épaisse et que celle de la veine fût mince. Voilà des questions que ne peut négliger l’homme qui a résolu de ne laisser dans le doute, dans l’obscurité ou dans l’inconnu aucune des œuvres de la nature.

Il est avantageux que dans tout le corps de l’animal, le sang soit renfermé dans une tunique mince, poreuse, et que le pneuma le soit dans une tunique épaisse et serrée, c’est là une question qui, je pense, n’exige pas de grands développements. Il suffit de rappeler la nature des deux substances : le sang étant épais, lourd, difficile à mouvoir (cf. chap. xvi, init.), le pneuma étant ténu, léger et rapide dans ses mouvements, il était à craindre que le pneuma ne se dissipât aisément, s’il n’était retenu par des tuniques épaisses, denses et parfaitement serrées. Au contraire pour le sang, si la tunique enveloppante n’eût été mince et poreuse, il aurait eu de la peine à se distribuer dans les parties voisines, et ainsi toute son utilité eût été complétement perdue. Dans cette prévision, notre Créateur a fait les tuniques des vaisseaux en opposition avec la nature de leurs matériaux, voulant prévenir la dispersion prématurée du pneuma, et le séjour prolongé du sang.

    veine puisqu’elle sert à alimenter le poumon, et la veine pulmonaire est une artère puisqu’elle rapporte de l’air au cœur, seulement l’artère a une tunique de veine et réciproquement, et c’est dans la théorie galénique un fait capital. Pour les modernes, l’artère pulmonaire est une veine, eu égard à son contenu ; de même et pour la même raison, la veine pulmonaire est une artère ; mais il y a substitution dans le sens du courant, et par conséquent dans celui de l’organisation, et de l’essence de la fonction. Peut-être, ainsi que je le disais plus haut, les dénominations sont plus justes et plus rationnelles chez les anciens que chez les modernes, puisqu’elles tiennent compte à la fois du contenu et du contenant.