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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

qui, dans tous les animaux, n’a pas créé un seul détail en vain et au hasard, a de même agi à l’égard du poumon. Elle a échangé les tuniques des vaisseaux, donnant à la veine celle de l’artère (artère pulmonaire ou veine artérieuse), et à l’artère celle de la veine (veine pulmonaire ou artère veineuse). Dans toutes les autres parties où les dimensions de l’artère et de la veine sont les mêmes, l’épaisseur des tuniques n’est pas la même. Il existe une différence considérable, et Hérophile paraît avoir estimé juste, en déclarant l’épaisseur de l’artère six fois plus considérable que celle de la veine[1]. De tous les organes, de toutes les parties, il n’y a que le poumon où l’artère (veine pulmonaire) ait les tuniques d’une veine, et la veine (artère pulmonaire) les tuniques d’une artère[2].

  1. Les modernes ont aussi constaté une différence d’épaisseur entre les veines et les artères ; mais je ne sache pas qu’ils aient établi une proportion déterminée ; car les variations sont trop grandes d’un vaisseau à un autre, ou dans les parties d’un même vaisseau. Dans son Commentaire sur le Timée de Platon (voy. les fragments que j’en ai publiés, Paris, 1848, in-8o, p. 14), Galien dit, mais sans nommer Hérophile, que les artères sont cinq à six fois plus épaisses que les veines.
  2. Dès les premières recherches anatomiques sur les vaisseaux cardiaco-pulmonaires, on s’était aperçu de cette particularité que le vaisseau qui devait naturellement être, eu égard au contenu, une veine par rapport au système veineux général, et une artère par rapport au système artériel général, avait précisément l’apparence ou le caractère, le premier d’une artère et le second d’une veine. Mais pour cette espèce de substitution les anciens et les modernes sont partis de considérations d’un ordre différent. Au dire de Rufus (Du nom des parties du corps, p. 42, éd. de Clinch), Hérophile appelait veine artérieuse ce que nous nommons aujourd’hui artère pulmonaire, et, sans doute aussi, artères veineuses les veines pulmonaires. Dans le Manuel des Dissections (VII, iv), Galien a longuement discuté sur ces dénominations. Voici le résumé de cette discussion : Tout le monde, dit-il, appelle cœur le viscère qui bat (σφύξον σπλάγχον), et artères les vaisseaux qui battent ; mais comme on ne saurait saisir à l’extérieur par les sens les mouvements des vaisseaux du poumon, on cherche, en prenant pour point de départ leur connexion avec le ventricule gauche, à arriver par conjecture, et même de science certaine (c’est-à-dire par des vivisections que je rapporte dans la Dissert. sur la physiol.), à reconnaître quelle est la fonction de ces vaisseaux ; mais on n’y arrive pas de la même manière, parce qu’on ne part pas des mêmes principes. Ainsi les sectateurs d’Érasistrate pensent qu’à chaque diastole du cœur le pneuma est attiré du poumon à travers ces vaisseaux, d’où résulte un battement passif (voy. la Dissert. sur la physiol.). Les autres donnent aux artères du poumon comme aux autres artères, comme au cœur lui-même une force pulsative propre à l’artère. Après avoir indiqué les vivisections mentionnées plus haut, Galien ajoute : Tout