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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, x.

exposer la structure des autres animaux, comme nous faisons maintenant pour l’homme. Mais il est temps de revenir à lui après cette digression, qui suffit pour démontrer l’utilité du poumon et de la cavité droite du cœur (ventricule droit).


Chapitre x. — Le poumon avait besoin d’aliment ; mais comme il ne pouvait le recevoir directement de la veine cave, la nature a créé en vue de cette utilité la cavité droite du cœur d’où part un vaisseau d’une nature particulière qui a les fonctions d’une veine et les tuniques d’une artère (artère pulmonaire ou veine artérieuse). — Galien démontre d’abord que les tuniques des veines devaient être poreuses pour que le sang qu’elles contiennent et qui est épais, puisse facilement les traverser pour aller nourrir les parties, tandis que les tuniques des artères devaient être denses afin de mieux contenir le pneuma qui est très-ténu, et qui s’échappe facilement. — Mais la nature devait précisément prendre des dispositions contraires pour les vaisseaux du poumon ; cela tient à ce que les veines chargées de nourrir le poumon (artères pulmonaires) n’ont pas besoin de suivre les mouvements d’inspiration et d’expiration du thorax et du poumon, tandis que les artères (veines pulmonaires) doivent précisément suivre ce mouvement, pour attirer et recevoir le pneuma ; leurs tuniques devaient donc être très-fortes, vu les mouvements violents dont le poumon est agité. — Mais le poumon courra risque de ne rien attirer à travers les parois épaisses de l’artère pulmonaire ; la nature a prévenu cette objection : le poumon ne devant, eu égard à sa nature, être nourri que par un sang subtil, la tunique vasculaire ne laisse s’échapper que cette espèce de sang. — Considérations générales sur la manière dont toutes les parties et le poumon en particulier se nourrissent. — Pourquoi à son embouchure l’artère pulmonaire a-t-elle des valvules ? Pour empêcher le reflux du sang ; pour que la respiration ne fût pas gênée par une action synergique des veines et des artères du poumon ; pour qu’à l’extrémité des artères et des veines du poumon il y eût un échange de sang et de pneuma.


En communiquant au poumon les aliments qu’il tire du foie, le cœur semble le payer de retour et le récompenser ainsi de l’air qu’il lui envoie. Le poumon avait, en effet, besoin d’aliments. Or il n’était pas avantageux que le sang lui arrivât directement de la veine cave, bien qu’elle passe près de lui et le touche, car la nature devait créer, pour le nourrir, une autre espèce de vaisseau qui ne ressemble nullement à la veine cave, et disposer pour ce vaisseau une épiphyse membraneuse (ἐπίφυσιν ὑμένων, valvules sigmoïdes de l’art. pulmon. ou veine artérieuse, voy. p. 412, et chap. xiv) telle qu’il la possède. Et ce changement de vaisseau, ainsi que la naissance de l’epiphyse, ne pouvait absolument dépendre d’aucun organe, si ce n’est du cœur. La nature, si sage en toutes circonstances, et