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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

a [parmi les mammifères], ou plus gros qu’un bœuf, le nombre des ventricules est le même, et la structure du cœur est identique, La nature n’a pas considéré la grandeur ou la petitesse des corps en variant la forme des organes, elle n’a eu d’autre but, dans cette diversité de structure, que la différence d’action, et cette action même, elle la mesure sur l’utilité première. Il en résulte un enchaînement admirable d’utilités et de fonctions successives.

Ce fait, précédemment démontré, ne ressortira pas moins clairement du discours actuel aux yeux de quiconque l’examinera avec attention. En voici les points principaux :

Aux poissons, la voix n’était d’aucune utilité, puisqu’ils vivent dans l’eau ; ils ne peuvent pas respirer par l’arrière-gorge pas plus que nous ne le pouvons nous-mêmes quand nous sommes plongés dans l’eau. Il n’était donc pas avantageux aux poissons d’être pourvus, comme les animaux qui volent et qui marchent, d’un canal grand et unique de la respiration et de la voix. La structure de l’organe appelé branchies (βραγχία) leur tient lieu de poumon. Percées d’une foule de petits trous qui donnent passage à l’air et aux vapeurs, et qui, vu leur étroitesse, le refusent à la masse de l’eau, les branchies repoussent l’eau et laissent passer aisément l’air et les vapeurs[1]. D’ailleurs les poissons ont une nature assez froide pour que le cœur n’ait pas besoin d’une réfrigération considérable. Leur tempérament est clairement indiqué par beaucoup d’autres circonstances, et surtout par le manque de sang, qui, chez eux, est absolu ou presque absolu[2]. Aussi, les animaux pourvus d’un sang abondant et chaud, qui vivent dans l’eau, tels que le dauphin, le phoque, la baleine, tirent de l’air les matériaux de leur respiration par un mécanisme admirable. Puissions-nous un jour entrer dans quelques détails à ce sujet et

  1. On a beaucoup discuté dans l’antiquité, à la renaissance et même à une époque plus rapprochée de nous, sur le mécanisme de la respiration des poissons, mais comme l’exposé de cette discussion dépasserait les limites d’une note, et que d’un autre côté l’histoire générale de la respiration trouve place dans la Dissertation sur la physiologie, je renvoie à cette Dissertation pour tout ce paragraphe. On remarquera seulement en passant que Galien a très-bien vu que les poissons respirent l’air contenu dans l’eau.
  2. C’est là une proposition erronée qu’on trouvera discutée dans la Dissertation sur la physiologie de Galien.