Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/436

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
404
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, ix.



Chapitre ix. — Le nombre des cavités (ventricules du cœur) n’est pas le même chez tous les animaux. — L’existence du ventricule droit est liée nécessairement à celle du poumon (car dans la théorie de Galien ce ventricule est uniquement destiné à l’alimentation du poumon). — Le nombre des ventricules ne tient pas, comme Aristote le pensait, à la grosseur des animaux, mais à la différence d’action et à l’utilité. — Mode de respiration des poissons.


Il faut maintenant énumérer les vaisseaux du cœur, expliquer la forme de l’orifice de chacun d’eux, dire un mot du nombre lui-même des cavités du cœur, et parcourir toutes les questions connexes.

Le nombre des cavités du cœur (il est naturel de commencer par là) n’est par le même chez tous les animaux. Tous ceux qui respirent l’air par l’arrière-gorge (φαρύγξ), le nez et la bouche, ont, par cela même, un poumon, et par cela même aussi la cavité (ventricule) droite du cœur ; tous les autres n’ont ni poumon, ni cavité droite du cœur. L’absence de poumon est toujours et nécessairement accompagnée chez l’animal, de la privation de la voix et de la cavité droite du cœur[1], et l’on voit par là de quelle utilité sont le poumon et cette cavité droite, car elle existe dans l’intérêt du poumon, et le poumon même est l’organe de la respiration et de la voix. Aristote[2] a donc eu tort de baser la distinction du nombre des ventricules du cœur sur la petitesse ou la grandeur de l’animal. En effet, tous les plus gros animaux n’ont pas trois ventricules, et les plus petits n’en ont pas tous un seul. Le cheval, qui est un animal très-grand, a un cœur exactement conformé comme celui du plus petit moineau. Disséquez une souris, un bœuf ou quelque autre animal plus petit qu’une souris, s’il y en

  1. Ainsi, parmi les vertébrés, les poissons n’ont qu’un ventricule et qu’une oreillette, et sont parfaitement muets ; parmi les reptiles quelques ordres ont un cœur qui se rapproche beaucoup par la simplicité de sa structure de celui des poissons. Voy. Cuvier, Anat. comp., 2e éd., t. VI, p. 301 suiv., et p. 335 suiv. — Cf. aussi Müller, Manuel de physiologie, 2e éd. française, Paris, 1851, t. II, p. 244 ; Organes vocaux.
  2. Il est peu de points aussi obscurs dans l’histoire de l’anatomie que la doctrine d’Aristote sur le nombre des ventricules du cœur ; dans l’impossibilité où je suis de rassembler et de discuter dans une note les divers passages qui se rapportent à cette question, je renvoie à la Dissertation sur l’anatomie ; on y trouvera aussi ce que les hippocratistes ont dit de la forme et de la structure du cœur.