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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

vous le verrez se contracter, si les fibres longues se relâchent, tandis que les fibres disposées en largeur se replient sur elles-mêmes. Dans l’intervalle des mouvements a lieu un court repos pendant lequel le cœur presse exactement son contenu, toutes les fibres exerçant alors leur action, surtout les obliques. Les ligaments (σύνδεσμοι, colonnes charnues avec leurs tendons), fixés intérieurement dans les cavités mêmes du cœur, ligaments doués d’une telle force qu’ils peuvent, en se contractant, ramener en dedans les parois du cœur, contribuent beaucoup à opérer la systole, ou plutôt l’opèrent en grande partie[1] ; car il existe, entre les deux cavités, une sorte de cloison où se terminent les ligaments tendus, et cette cloison, ils la relient aux corps qui recouvrent extérieurement les deux cavités (ventricules), corps que l’on nomme tuniques (parois) du cœur. Quand ces tuniques se rapprochent de la cloison, le cœur se tend alors dans sa longueur et se replie dans sa largeur. Quand elles s’en écartent le plus, il augmente de largeur, mais sa longueur diminue. Si donc la dilatation (systole) et la contraction (diastole) du cœur ne sont autre chose que le plus haut degré d’écartement ou de rapprochement dans la largeur des cavités, nous avons découvert comment s’opère l’un et l’autre mouvement.

Ainsi, le cœur est pourvu de ligaments forts et de fibres variées pour s’adapter rapidement et sans peine aux trois conditions diverses, se dilatant (diastole) lorsqu’il veut attirer quelque substance utile, se repliant sur lui-même (moment de repos) pendant le temps qu’il doit jouir des substances attirées, se contractant (systole) lorsqu’il se hâte d’expulser le résidu de ces substances. Nous avons développé ailleurs ce sujet (Manuel des dissections, VII, viii), et particulièrement dans notre traité Sur l’utilité de la respiration[2]. Par Jupiter ! il est donc tout à fait inutile de prolonger cette dissertation sur le mouvement du cœur.

  1. Galien (voy. particul. Des dogmes d’Hippocrate et de Platon, I, viii et x), ainsi que nous le verrons dans la Dissertation sur l’anatomie, reprend très-vivement Aristote d’avoir considéré comme des nerfs les tendons de ces colonnes charnues.
  2. Voy. la Dissertat. sur la physiologie.