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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

et qui est constituée par des fibres de diverses espèces ; bien que ces deux caractères paraissent lui donner de la ressemblance avec les muscles, il en diffère évidemment[1]. Les muscles, en effet, sont pourvus de fibres d’une seule nature. Ils ont seulement des fibres, soit droites dans le sens de leur longueur, soit transverses dans celui de leur largeur ; aucun n’en a des deux espèces à la fois[2].

    — Aristote (Part. anim., III, iv, fine) développe ainsi cette proposition : « Seul de tous les viscères, et en général de toutes les parties du corps, le cœur n’est pas sujet à des maladies qui aient le temps de devenir graves ; et ce n’est pas sans cause, car si le principe est lésé, quel moyen a-t-il de venir en aide (entretenir la vie) aux autres parties qui sont sous sa dépendance. La preuve que le cœur ne contracte aucune affection, c’est que sur aucun des animaux immolés pour les sacrifices on ne voit dans ce viscère nulle trace des maladies qui attaquent les autres. Les reins et le foie sont souvent farcis de calculs, de tubercules (φυμάτων) et de petites pustules (δοθιήνων) ; il en est de même du poumon et surtout de la rate. Beaucoup d’autres affections se rencontrent dans ces organes ; mais elles sont plus rares pour le poumon au voisinage de l’artère et pour le foie à son point de jonction avec la grande veine, et cela avec raison, car c’est par ces points que ces deux viscères sont le plus en rapport avec le cœur. Mais chez tous les animaux qui meurent de maladies et chez qui se présentent ces affections, nous avons trouvé, en les disséquant, des états morbides du côté du cœur. » — Ces notions si grossières sur les maladies du cœur, malgré quelques essais déjà fort anciens, comme on le voit, d’anatomie pathologique, nous expliquent assez comment cette partie de la pathologie a été si peu avancée dans l’antiquité. Il faut reconnaître, du reste, que les altérations que les affections du cœur et des gros vaisseaux laissent sur le cadavre sont beaucoup plus difficiles à constater que celles des autres viscères. Ajoutez enfin, pour excuser les anciens qu’ils étaient privés d’un des moyens les plus puissants créés par les modernes, l’auscultation. Toutefois, s’il leur était permis de ne pas distinguer les unes des autres les nombreuses affections du cœur, on ne peut guère s’expliquer comment les palpitations violentes, ou certains autres symptômes ne les ont pas mis sur la voie et ne leur ont pas inspiré quelques scrupules, lorsqu’ils répétaient à l’envi que le cœur, ou n’est pas du tout sujet aux maladies, ou du moins y est moins sujet qu’aucun autre organe. — Cf. toutefois VI, xvii, p. 442, l. 26-27.

  1. Galien revient sur cette proposition en plusieurs de ses livres et particulièrement dans le chap. viii du livre VII du Manuel des dissections ; j’ai traduit ce chapitre important dans l’Appendice, et je renvoie aussi aux Dissertations sur l’anatomie et sur la physiologie pour l’historique de cette question de la nature du cœur. — Voy. aussi Hoffmann, l. l., p. 103.
  2. Cette proposition est vraie pour les muscles de la vie de relation ; toutefois il faut remarquer que ce n’est pas la direction des fibres, mais la nature même