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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, v-vi.

ratoires. En effet, le poumon, le cœur, le thorax entier avec toutes les artères qu’il renferme, doivent, en se dilatant ou en se contractant, n’être gênés par quoi que ce soit dans aucun de leurs mouvements ; et le conduit lui-même, ne doit pas traverser comme suspendu le milieu de la cavité de la poitrine, mais reposer sur un soutien solide. La nature, au moyen de la situation opportune qu’elle a imaginée, a merveilleusement réalisé ces deux conditions : exemption absolue de gêne pour les organes du pneuma, grande commodité pour l’œsophage. A la fois fixé et flottant sur les vertèbres de l’épine[1], et traversant de cette façon tout le thorax, il réunit, en effet, à une position sûre, abritée de toutes parts, l’avantage de n’apporter aucune gêne au cœur, au poumon, ni à aucune des parties de la poitrine.

L’obliquité de sa position vous apprendra mieux encore (voy. chap. vi), que si la nature lui a ouvert cette voie, c’est aussi en vue de deux avantages : ne causer aucune lésion aux organes du pneuma et lui-même n’en éprouver aucune. En effet, il est placé exactement sur le milieu des quatre premières vertèbres dorsales, sans faire le moindre coude, attendu que dans cette région il ne saurait comprimer aucun des organes du thorax, que lui-même jouit d’une assiette solide, grâce à cette position, et qu’il ne peut être facilement lésé par aucun corps extérieur. Trouvant pour protection derrière lui, outre les vertèbres, les apophyses dites épineuses, en avant, le sternum et toute la cavité de la poitrine, il est évident que nul corps extérieur, tombant, ne pourra le blesser ni le broyer à travers les remparts si épais et si solides qui l’environnent. Au niveau de la cinquième vertèbre, il se détourne de la ligne qu’il suivait en descendant, et se dirige vers la droite pour céder la meilleure place à un autre organe plus important, à la plus grande de toutes les artères (aorte). Il était juste, en effet, que cette artère, qui naît du ventricule gauche du cœur et se ra-

  1. L’œsophage est uni par un tissu cellulaire lâche aux parties qui l’avoisinent. Les auteurs signalent ses points d’attache avec la trachée, la glande thyréoïde, les deux dernières vertèbres cervicales (il semble que Galien a en vue ici, non-seulement ces vertèbres, mais toutes celles le long desquelles descend l’œsophage), à la plèvre, à l’aorte, au canal thoracique, à la veine azygos, au péricarde et au trou œsophagien du diaphragme. De cette façon, il se trouve maintenu, sans être pour cela gêné dans ses mouvements de dilatation et de resserrement.