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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, iv.

cette fin, est d’une utilité bien plus grande encore pour le cœur même, et que nous expliquerons dans la suite du discours (chap. xv).

Le cinquième lobe et aussi le thymus ont été créés par la nature dans l’intérêt de la grande veine (veine cave).

Votre admiration s’augmentera, je pense, si, ne vous bornant pas à une description verbale, vous disséquez un animal quelconque, et contemplez de vos propres yeux ce merveilleux spectacle. Vous ne verrez pas seulement le lobe placé sous la veine, vous le verrez encore se creuser peu à peu afin que la veine repose plus solidement sur lui. De plus, ce lobe n’est pas tissu de vaisseaux grands et nombreux, mais sa substance se compose en grande partie de la chair du poumon, chair que quelques-uns appellent parenchyme. La nature par là montre clairement qu’elle n’a pas voulu faire de ce lobe un organe de respiration, mais une sorte de coussin moëlleux servant à la veine cave. Je pense, en effet, que le propre d’un organe respiratoire est d’offrir à l’air de grandes et nombreuses cellules ; si son office est, au contraire, de porter un organe superposé en l’abritant contre toute atteinte ou lésion, il doit jouir très-peu de la faculté de se dilater et en général de se mouvoir violemment. En effet, l’utilité des organes respiratoires tient au mouvement, tandis que celle des organes qui servent de soutien tient justement au repos. En créant deux lobes dans la partie gauche du thorax et trois dans la partie droite, la nature indique clairement l’utilité du cinquième. En effet, la veine cave naissant à la partie droite de l’animal, vers le foie, et remontant vers le ventricule droit du cœur, est située par conséquent dans le côté droit ; il était donc nécessaire que le lobe créé pour son usage fût établi à la droite du thorax.

Cette création de la nature si juste, création qu’on pourrait peut-être se figurer mauvaise si on s’en rapportait aux sens seuls et non à l’intelligence, mais qui en réalité est la plus équitable, si jamais il en fut une digne de cette épithète, vous devez la célébrer par vos hymnes, car la nature a choisi l’égalité non eu égard à l’apparence extérieure, mais eu égard à la puissance de l’organe. Or, c’est là l’œuvre d’une justice véritable et divine. En effet, quand l’utilité de l’action de deux organes, comme les yeux, les oreilles, les mains et les pieds est égale, la nature crée l’organe