Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

l’araignée ; il modèle comme les abeilles ; il peut s’exercer à la nage, bien qu’il soit fait pour la marche[1] ; mais, de plus, l’homme n’est point impropre aux arts divins ; émule d’Esculape[2], il se livre à la médecine ; rival d’Apollon, il pratique, en

    cou chargé d’une crinière, et le taureau indompté des montagnes à recevoir le joug ; il a été instruit dans la parole, dans la pensée rapide comme le vent, et dans les sentiments qui dictent les lois tutelle des cités, il connaît l’art de se protéger contre les traits de la pluie et contre les rigueurs des frimas, incommodes pour ceux qui y sont exposés ; fertile en expédients, il n’est au dépourvu pour rien de ce qui doit arriver ; Pluton est le seul qu’il ne sache pas éviter, mais il a imaginé des moyens d’échapper aux maladies difficiles à guérir. » Tel est le magnifique tableau que Sophocle, dans son Antigone (v. 332 et suiv.), fait du génie et de la puissance de l’homme.

  1. Dans son traité De Solertia animalium, Plutarque cherche en plus d’un passage à établir que l’homme n’est souvent qu’un imitateur des animaux ; il cite même en ces termes (§ 20, p. 974 b) l’opinion de Démocrite sur cette question : « Nous sommes vraiment ridicules de dire que les animaux apprennent quelque chose de nous ; Démocrite est d’avis, au contraire, que nous sommes leurs élèves dans les travaux les plus importants ; nous imitons l’araignée en tissant et en ravaudant ; l’hirondelle en bâtissant, et, dans nos chants, les oiseaux harmonieux comme le cygne et le rossignol. » (Voy. Mullach, Democr. fragm. p. 413.) — Plutarque ajoute encore quelques exemples tirés de la médecine, et entre autres cette fameuse imitation de l’ibis pour les lavements ; mais dans toutes ces spéculations il y a plus de fantaisie que de critique. D’abord les procédés employés par les animaux sont souvent fort différents de ceux que l’homme met en pratique ; en second lieu il y a des arts, comme le chant, par exemple, qui ne peuvent être primitivement qu’un don naturel et non une imitation ; en troisième lieu c’est une vue historique très-fausse et même une sorte de puérilité que d’assigner un temps déterminé à telle ou telle pratique qui est sans doute aussi ancienne que le monde et dont l’homme n’a jamais été privé. Enfin, se refuser à admettre que l’homme a dû recevoir, en puissance, du Créateur presque toutes les facultés artistiques, et que pour un grand nombre de points son éducation n’est pas faite sous l’influence des circonstances étrangères à sa propre nature, c’est à la fois rabaisser et méconnaître la condition humaine.
  2. Auprès des anciens, Esculape passait pour avoir apporté aux hommes la médecine inventée par son père Apollon. On lit dans l’Introduction ou le Médecin (t. XIV, chap. I, p. 674-5. Voy. aussi Celse, Proœm.), ouvrage qui figure parmi ceux de Galien : « Esculape apprit d’abord la médecine de son père Apollon, et il l’enseigna ensuite aux hommes ; c’est pourquoi on l’en regarde comme l’inventeur. Avant Esculape il n’y avait en effet sur la terre aucun art médical, les anciens avaient seulement une certaine expérience des médicaments et des plantes. » Dans Homère (Il., IV, 194 et XI, 517), Esculape est représenté seulement comme un médecin irréprochable, et dans l’Hymne XVI, c’est le méde-