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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

retrace maintenant l’utilité des parties du cœur, du poumon et de tout le thorax. De plus, comme je l’ai dit, je vais exposer la situation de l’œsophage et de la veine cave [dans le thorax].

La respiration chez les animaux, avons-nous vu[1], existe dans l’intérêt du cœur, lequel a besoin de la substance de l’air, et brûlé de chaleur, désire bien plus encore la fraîcheur qu’il lui procure. Pénétrant avec sa vertu frigorifique, l’air rafraîchit le cœur ; il en sort, entraînant avec lui des particules effervescentes, et comme brûlées et fuligineuses. C’est pour cela que le cœur a un double mouvement dépendant de parties qui agissent en sens contraire, car il attire en se dilatant, et en se contractant il se vide. Considérez tout d’abord, à ce propos, la prévoyance de la nature. Comme il était avantageux à l’homme de posséder la voix, et que le son, pour être formé, a nécessairement besoin de l’air, elle a employé à le produire tout l’air qui autrement eût été expiré sans profit ni utilité. Quant aux organes de la voix, au jeu de ces organes, ce sont des questions développées dans nos Commentaires sur la voix (voy. p. 380, note 2). Ici, nous rappellerons seulement dans le courant du livre, ce qui est nécessaire à notre sujet.

C’est le lieu maintenant de louer la nature : en effet, elle n’a pas chargé le cœur d’aspirer l’air immédiatement par le pharynx[2] ; mais entre ces deux organes, elle a établi le poumon, comme un réservoir de l’air, capable de remplir à la fois les deux fonctions. Si le cœur, en se dilatant, eût attiré l’air du pharynx et le lui eût bientôt renvoyé en se contractant, la concordance eût été nécessaire entre le rhythme de la respiration et le battement (σφυγμός) du cœur ; il en résultait pour l’animal, de nombreux et graves inconvénients qui mettaient en danger, non pas seulement le bien-être de la vie, mais la vie même. En effet, l’interruption fréquente de la voix, suite d’une pareille conformation, ne serait pas une médiocre atteinte à ce qui fait le charme de la vie ; d’un autre côté, l’impossibilité, soit de se plonger dans l’eau de peur d’être suffoqué, soit de retenir un instant sa respiration pour traverser la

  1. Dans le traité De l’utilité de la respiration (voy. note précédente).
  2. Galien prend tantôt le mot pharynx dans le sens de vestibule commun des voies aériennes et respiratoires, tantôt comme synonyme de larynx. Voy. du reste la Dissertation sur les termes anatomiques.