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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

que l’intelligence de l’homme le place beaucoup au-dessus des autres animaux ; cela est démontré par le grand nombre d’arts qu’il cultive, et par son aptitude à apprendre tous ceux qu’il veut, lui seul étant capable de science. En effet, les animaux, à quelques exceptions près, n’exercent aucun art ; encore, ceux qui le font avec succès obéissent-ils plutôt à un instinct naturel qu’à une détermination réfléchie[1]. Mais l’homme n’est étranger à aucun des arts propres aux animaux[2] ; il imite la trame de

    extérieur : le premier est comme une source ; le second, qui est sonore (γεγωνός), en découle. Le siège du premier est la partie dirigeante de l’âme ; celui du second est la langue, la bouche et tout l’appareil instrumental de la voix. » Voy. aussi Porphyre, De esu carnium, III, ii, où l’on trouve un passage qui a la plus grande analogie avec celui de Galien. On sait que ce philosophe concède aux animaux une espèce de raison et une espèce de langage. Voy. encore Wyttenbach, aa Plut., De recta audiendi ratione, p. 44 a ; et Galien, De usu part. I, 3. — Ἐνδιάθετος et προφορικός trouvent leur équivalent en latin dans les mots, ratio et oratio. Il est peu de problèmes qui aient plus occupé les esprits élevés que celui de l’intelligence des animaux ; mais l’étude expérimentale de ce problème date de nos jours ; c’est le résultat de cette étude que M. Flourens a fait connaître dans un petit volume (De l’inst. et de l’intelligence des animaux), qui est un modèle de précision, de bon goût littéraire et de bon sens philosophique. Ce travail est tout à fait propre, si je ne me trompe, à mettre fin à la grande question sur l’âme des bêtes. Seulement j’aurais souhaité que M. Flourens, en remontant aux origines mêmes du débat, eût marqué la différence et les points de contact des systèmes qui ont divisé les philosophes et les naturalistes, et qu’il eût rapproché ces systèmes des théories physiologiques et psychologiques en vigueur aux diverses époques de l’histoire.

  1. Hippocrate a dit dans le même sens φύσεις πάντων ἀδίδακτοι (De alim., p. 382, l. 33, éd. Foës), phrase qui a été rapportée aux animaux par Galien dans plusieurs passages de ses livres. (Voy. les notes de Foës, p. 436, l. 41.) On lit aussi dans Aristote (Natur. auscult., II, viii, 7) : « Les animaux ne font rien ni par art, ni en cherchant, ni en tenant conseil ; aussi quelques-uns demandent-ils, si c’est par l’intelligence, ou d’une autre manière que travaillent les araignées, les fourmis et les autres animaux semblables. »
  2. « Il y a beaucoup de merveilles, mais il n’y a rien de plus merveilleux que l’homme : il franchit la mer blanchissante poussé par les vents orageux de l’hiver, et au milieu des flots qui frémissent autour de son navire ; chaque année en labourant avec la charrue promenée en tous sens par les chevaux il soulève la Terre, supérieure à tous les Dieux, éternelle et infatigable ; industrieux, il enlace et prend dans ses filets tressés avec des cordes la race des oiseaux légers, des bêtes fauves, et dans la mer celle des poissons ; par son adresse il triomphe des animaux féroces qui paissent sur les montagnes, il contraint le cheval au