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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

pent tous par leurs extrémités distantes l’une de l’autre, n’est-il pas évident pour les matières [contenues dans l’abdomen] qu’elles seront toutes précipitées vers le bas [par l’action simultanée des huit muscles et du diaphragme] ? De ce côté, en effet, les muscles abdominaux sont le plus éloignés du centre phrénique (car φρένες est aussi le nom du diaphragme), tandis que du côté opposé ils s’appuient sur lui, le touchent, les muscles longs, au bas du sternum, tous les autres muscles a droite et à gauche.

Sont-ce là les seules dispositions admirables de la nature pour l’expulsion des excréments, et n’a-t-elle pas négligé ou omis quelque détail, si petit qu’il soit ? Mais la nature a droit à notre admiration absolue, attendu qu’en disposant si bien les grandes fonctions, elle ne néglige pas de corriger les conséquences nuisibles inévitables. C’est ainsi que ne se bornant pas à créer les huit muscles abdominaux capables de comprimer exactement toutes les matières et de les refouler intérieurement, elle a établi au-dessus d’eux et obliquement le diaphragme pour éviter tout retour de ces matières dans l’œsophage, et que de plus encore elle a disposé comme auxiliaires du diaphragme les muscles dits intercostaux. En effet, le diaphragme, muscle unique, aurait été mis très-facilement en mouvement par les huit muscles abdominaux grands et nombreux ; et rejeté ainsi dans la cavité thoracique, il eût perdu de sa force de compression. Afin donc de prévenir cet inconvénient, la nature a disposé de telle façon tous les muscles des côtes thoraciques qu’ils sont capables d’être tendus et de resserrer de dehors en dedans le thorax, en sorte que toute la cavité supérieure (la poitrine, le ventre supérieur) étant pressée de toutes parts, le diaphragme demeure ferme à sa place, n’en trouvant pas une ailleurs où il puisse être reçu.

D’un autre côté, si l’animal tend tous les muscles du thorax et de l’abdomen, et qu’il tienne ouvert son larynx, il en résulte que l’air s’échappera par cet endroit, et qu’ainsi la fonction de la défécation sera troublée. La nature donc, pour que l’animal restât sans respirer [pendant cet acte], a établi autour du larynx certains muscles assez nombreux destinés les uns à le fermer, les autres à l’ouvrir. Quand nous traiterons des parties du cou (VII, xi-xii) nous dirons quels sont ces muscles, comment ils effectuent la double action dont nous parlions. De même quand nous arri-