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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, xiii-xiv.

dans les cavités de l’estomac et des intestins en la substance propre à l’animal, il était raisonnable que leur tunique fût très-épaisse. Car une tunique semblable altère, échauffe, transforme bien mieux qu’une tunique mince et froide. Aussi les personnes dont tout l’estomac a naturellement très-peu d’épaisseur, cuisent-elles plus mal les aliments que celles dont l’estomac est charnu (cf. IV, viii). Au contraire les organes excrétoires ne devaient rien digérer ; aussi sont-ils, avec raison, minces. Il n’était donc pas possible de donner deux tuniques à des corps minces.

Dans l’estomac, les deux tuniques ont été construites en vue de trois utilités : la diversité des fonctions, la résistance aux lésions, et l’épaisseur. Ainsi la nature de la substance même est différente dans les vessies et dans les organes de la coction : membraneuse, dure, presque dépourvue de sang et froide dans les vessies, elle est charnue et pleine de chaleur dans ces organes. Les vessies, destinées à se distendre et à se contracter excessivement, exigeaient une conformation analogue à leur action ; ces organes avaient besoin, pour cuire les aliments, d’une plus grande chaleur. Ainsi la dureté a été donnée aux vessies pour résister aux lésions et venir en aide à leur peu d’épaisseur, et l’épaisseur a été répartie aux organes de la coction pour protéger leur substance molle.


Chapitre xiii. — Les conduits des excréments doivent être de la même substance que les réservoirs qui contiennent ces mêmes excréments. — Art admirable du Créateur dans l’insertion du canal cholédoque au duodénum, et des uretères à la vessie.


Ainsi dans toutes ces dispositions la nature s’est montrée parfaitement juste. Qu’elle ait fait preuve de la même justice en formant les uretères d’une substance analogue à celle de la grande vessie de l’urine et les conduits de la bile de la même substance que la vésicule biliaire, c’est un fait évident pour tous. Il ne fallait pas, en effet, que les réservoirs des excréments fussent d’une substance et les conduits d’une autre ; cette substance devait être la même et tolérer également les [mêmes] excréments.

Le mode d’insertion des uretères dans la vessie, et du canal cholédoque dans l’intestin, est au-dessus de toute admiration. Les uretères s’insinuent d’abord obliquement dans la vessie (vessie