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II.


EXHORTATION A L’ÉTUDE DES ARTS[1].


Chapitre premier. — Que l’homme l’emporte sur les animaux par son aptitude à apprendre et à exercer les arts. — Il cultive tous les arts qu’exercent instinctivement les animaux, et, de plus, il est familier avec les arts divins.


Les animaux qu’on nomme sans raison n’ont-ils en partage aucune espèce de raison ? Cela n’est pas prouvé ; car s’ils ne jouissent pas de celle qui se traduit par la voix, et qu’on appelle verbale, peut-être participent-ils tous, les uns plus, les autres moins, à la raison psychique et qu’on nomme intime[2]. Toutefois, il est évident

  1. Le titre de ce traité n’est point correct dans les manuscrits, aussi les éditeurs l’ont-ils changé un peu arbitrairement. Les premiers textes, ceux qui dérivent plus immédiatement des manuscrits (Alde et Froben suivis par Chartier) ont Γαληνοῦ παραφραστοῦ τοῦ Μηνοδότου προτρεπτικὸς λόγος ἐπὶ τὰς τέχνας. Morel a imprimé : Γαλ. παράφρασις εἰς τὸν τοῦ Μηνοδ. προτρεπτικὸν λόγον κ. τ. λ. Dans l’édition de Goulston, qui a retranché d’un cote et ajouté d’un autre, on lit : Γ. προτρεπτικὸς λόγος ἐπὶ τὴν ἰατρικὴν καὶ τὰς τέχνας. Willet, après avoir adopté le titre vulgaire, propose dans ses Addenda (p. 141) de le changer en Γαλ. παράφρασις τοῦ Μηνηδοτείου προτρεπτικοῦ ἐπὶ τὰς τέχνας. Quant à moi, je suis porté à croire que la mention de Ménodote dans le titre n’existait pas dans le texte primitif et que c’est une addition des copistes, ainsi que j’ai cherché à l’établir dans ma préface.
  2. Λόγος προφορικὸς… ἐνδιάθετος. Ces expressions dérivent de la doctrine des Stoïciens (κατὰ τοὺς ἀπὸ τῆς Στοᾶς, ainsi que le dit Porphyre, De esu carnium), elles signifient proprement le verbe intérieur et le verbe extérieur, la raison ou la parole pensée, la raison ou la parole parlée. — C’est le λόγος προφορικός et le λ. ἐνδιάθετος que Musonius (An mulieribus quoque philosophandum sit, ed. Peerlkamp, Haarl., 1822, 8o, p. 249), a défini lorsqu’il a dit : « Les femmes comme les hommes ont reçu des Dieux et le verbe extérieur dont nous nous servons dans nos rapports les uns avec les autres, et le verbe intérieur à l’aide duquel nous jugeons de chaque chose si elle est bonne ou mauvaise, belle ou honteuse. » Plutarque (Cum Princip. philosoph. esse, ii, p. 777 c) dit : « Il y a deux verbes, l’un intérieur (conçu en nous, ἐνδιάθετος), c’est un don du maître Mercure ; l’autre émis au dehors, il remplit le rôle de messager et se manifeste à l’aide des organes (ὁ δὲ ἐν προγορᾷ, διάκτορος καὶ ὀργανικός… L’amitié est le but de ces deux verbes, amitié du premier pour soi-même, amitié du second pour un autre ». Philon (Vit. Moys., t. III, p. 672 c, éd. de 1640, fo, p. 154), a très bien développé cette définition quand il a dit : « Dans l’homme il y a le verbe intérieur et le verbe