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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, x-xi.

pour prévenir toute lésion, soit à cause de l’âcreté des matières qui parfois ulcère et ronge leur tunique, soit à cause de l’amas excessif de ces matières, qui les affaisse comme sous la pression d’un cataclysme, que n’auraient-ils pas à souffrir, pensez-vous, s’ils étaient insensibles ? C’est pour cette raison que dans chacun des replis vient se ramifier un nerf aussi bien qu’une artère et qu’une veine.

Cependant sur le foie, viscère si grand et si important, la nature n’a implanté qu’un nerf très-petit, parce qu’il n’est pas doué du mouvement comme les muscles, et qu’il n’a pas besoin comme les intestins d’une sensibilité exquise. En effet, le passage des matières excrémentitielles nuit à ces derniers, tandis que le foie est purifié par quatre organes, qui sont les deux reins, la rate et la vésicule, qui y est attachée, de telle sorte que ce viscère ne devant conserver dans son intérieur aucun liquide malfaisant et âcre, n’avait pas besoin d’une sensibilité exquise. Quant à ces quatre parties mêmes qui purifient le foie, comme elles ne devaient éprouver aucune incommodité des excréments qui leur sont propres, elles ne réclamaient pas une plus grande sensibilité. Elles n’auraient pu, en effet, attirer de semblables matières, si elles n’avaient avec elles quelques propriétés communes. Pendant l’existence des animaux qui dure tant d’années, on peut voir, renfermée dans la vésicule du foie, la bile jaune tantôt plus, tantôt moins abondante. Quand les animaux sont morts nous pouvons enlever du foie les vésicules avec leur bile et les garder longtemps sans que la substance de ces vésicules en souffre dans l’intervalle ; tant il est vrai qu’une façon d’être innée et propre à la substance est exempte de tout dommage. La nature a donc eu raison de ne pas donner plus de sensibilité à ces organes, que ne doivent pas incommoder les résidus qu’ils renferment.

Quant à la grande vessie qui reçoit l’urine, elle eût été lésée souvent, si elle n’eût promptement évacué l’urine, âcre et bilieuse, car elle n’a pas comme la vésicule biliaire une substance analogue à la nature de la bile, mais seulement à celle de l’urine, en vue de laquelle elle a été précisément créée. Aussi quand toutes les fonctions de l’animal s’exécutent bien, aucune de ses parties n’est incommodée, et la substance des excréments séreux n’est ni âcre ni douloureuse pour la vessie ; mais si les organes