Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/395

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
363
DES ORGANES ALIMENTAIRES.



Chapitre x. — Danger qui résulterait pour les viscères, et en particulier pour les intestins, s’ils n’étaient pas avertis par les nerfs des affections morbides, ou des matières nuisibles. — Faits pathologiques qui le prouvent. — Ni le foie, ni la rate, ni les reins n’avaient besoin d’une sensibilité exquise ; ce qui le démontre, c’est l’innocuité du séjour dans leur intérieur des matières excrémentitielles qui sont propres à chacun d’eux. — Il n’en est pas de même de la vessie, qui a été créée, en vue de l’urine et non en vue de la bile que contient naturellement l’urine, de telle sorte qu’elle serait lésée si elle n’évacuait pas promptement son contenu.


Dans ce livre, il faut passer en revue les organes de nutrition, et montrer l’équité de la nature à leur égard. Aucun d’eux n’étant un organe de perception, ni de mouvement, il ne devait leur être attribué que de petits nerfs, servant uniquement au troisième but, c’est-à-dire à leur faire reconnaître ce qui peut leur nuire. S’ils ne possédaient pas cette propriété, et s’ils ne sentaient pas les affections qui sont en eux, les animaux périraient infailliblement en peu de temps. Maintenant, éprouvons-nous quelque mordication dans les intestins, à l’instant nous nous hâtons d’expulser la matière qui nous incommode ; mais si ces organes étaient complètement dépourvus de sensibilité, ils seraient tous bientôt, je pense, ulcérés, rongés, pourris facilement par les excréments qui s’accumulent constamment ; dans l’état actuel, doués comme ils sont de sensibilité, et ne laissant pas un instant séjourner en eux ces matières âcres et mordantes, ils sont cependant ulcérés, raclés, rongés et pourris par le seul passage de la bile pure, jaune ou noire ! C’est pourquoi Hippocrate dit quelque part (Aph. IV, 24) : « La dyssenterie provenant de la bile noire est mortelle. » Peut-être nous demandera-t-on s’il y a une dyssenterie causée par la bile noire, quand les intestins sont doués d’une sensibilité telle qu’ils expulsent immédiatement ce qui les incommode. Je répondrai d’abord : Il est évident par les faits qu’une espèce de la dyssenterie provient de cette bile. Mais si vous voulez ensuite en savoir la cause, rappelez-vous avec moi les détours que suivent les aliments dans les circonvolutions intestinales, pour ne pas en sortir trop vite, comme nous l’avons montré (IV, xvii). Les excréments âcres, arrêtés parfois dans ces circuits et ces inflexions, raclent d’abord l’intestin, puis ils le rongent. Si donc dans l’état actuel l’extrême sensibilité des intestins ne suffit pas