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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

monde m’accordera aisément et sera convaincu que les reins suffisent à l’usage pour lequel ils ont été créés.

Toutefois si les deux reins enlèvent au sang tout son sérum, et si cet excrément est plus abondant que les autres, rien ne contribue plus à la rapidité de sa séparation d’avec le sang que l’extrême ténuité du liquide qui en est séparé. Car c’est aussi un fait évident que tout fluide ténu est attiré plus aisément qu’un fluide épais. Voici donc la cause du tissu serré des reins, ou plutôt les causes, car il y en a deux : l’attraction facile d’un tel liquide, surtout quand l’organe qui attire est si proche, et la condition imposée aux reins de se nourrir de ce fluide. Car c’est aussi un point démontré par nous dans les Commentaires sur les facultés naturelles, qu’il n’est pas de partie du corps attirant une humeur spéciale par de larges orifices, qui reçoive cette humeur seule, pure, sans mélange, elle est toujours altérée par la présence de quelque substance étrangère. Si les organes qui attirent des sucs spéciaux se terminent par des orifices extrêmement ténus et perceptibles seulement par le raisonnement, ces humeurs attirées seront pures, et exemptes de tout mélange. C’est donc avec raison que la vésicule [biliaire] attachée au foie, par les radicules invisibles et tout à fait étroites des vaisseaux qui l’unissent au foie[1], attire une seule humeur exempte de toute autre qualité, et que la nature l’a destinée à attirer. Mais ni la rate, ni les reins n’attirent uniquement leur humeur spéciale ; la rate entraîne aussi un peu du sang qui, avant d’y pénétrer, a subi l’attraction des veines de l’épiploon (voy. IV, xv) ; les deux reins attirent beaucoup de bile

  1. Dans quelques mammifères la bile arrive directement du foie dans la vésicule biliaire au moyen de rameaux fins du canal hépatique qui sortent du foie ou de la partie de ce canal qui est hors du viscère. Ces rameaux aboutissent à différents points du corps de la vésicule, ou à son col. On le trouve plus particulièrement dans le bœuf, le bélier et aussi chez le loup et le chien (voy. Cuvier, Anat. compar., t. IV, 2e part., p. 570). Comme Galien semble avoir décrit le foie uniquement sur le magot, je ne crois pas qu’il s’agisse de ces rameaux du canal hépatique où ils manquent certainement, mais il a en vue soit des rameaux imaginaires, soit des radicules des vaisseaux nourriciers hépato-cystiques. L’espèce d’exsudation bilieuse qu’on observe quand on détache la vésicule du foie, surtout quand les animaux sont morts depuis quelque temps, a peut-être donné lieu à cette opinion de Galien. — Voy. du reste la Dissertation sur l’anatomie.