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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, vi.

que l’équilibre de l’animal résultait de la position opportune de la rate, de l’estomac et du foie. Maintenant, au lieu de ce juste et bel équilibre, supposons un rein unique considérable d’un côté, nous faisons pencher l’animal en un sens. La nature n’a rien fait de semblable. Au lieu d’un rein unique considérable, placé dans un côté, elle a reconnu qu’il était plus équitable d’en placer deux petits de part et d’autre. Le fait prouve que tels qu’ils sont, ils suffisent tous deux à purifier le sang. Dans les saignées sans nombre que nous faisons journellement, nous trouvons très-faible la quantité d’eau qui surnage sur le sang coagulé. Cependant, tous ceux qui ont besoin d’être saignés éprouvent quelque incommodité corporelle, un dérangement notable dans leur économie ; néanmoins il ne surnage, comme nous le disions, sur leur sang coagulé, qu’une très-faible proportion de sérum[1]. Dans l’état de santé, les reins débarrassent donc complétement le sang de son sérum : c’est ce que prouvent les faits énoncés et d’autres plus nombreux encore. Mais je trouve superflu d’insister davantage sur ce point, car tout le

  1. Il semble que Galien n’a jamais fait, ou du moins n’a jamais cru faire de saignée sur une personne saine (cf. cependant De element., II, ii, fine ; De atrabile, cap. ii), ou même qu’il n’a jamais observé le sang qui s’écoule d’une blessure petite ou grande, alors qu’il n’existe aucun état pathologique interne, car il eût vu que dans l’état de santé aussi bien que dans celui de maladie, le caillot est toujours contenu dans une quantité plus ou moins grande de sérum. En tout cas cette quantité n’est jamais aussi faible chez les malades que Galien veut bien le dire. Mais pour accorder son raisonnement avec les faits qu’il avait observés, il a atténué autant que possible par cette expression une très-faible proportion de sérum, ce que ces faits pouvaient avoir de contradictoire avec la théorie. C’est là un procédé peu consciencieux, mais dont Galien n’use que trop souvent, et quelquefois, pour ainsi dire, à son insu, tant les idées préconçues l’aveuglent et le détournent de la droite voie de l’observation ! — Je trouve aussi dans Hoffmann (l. l., p. 89) les réflexions suivantes que j’ai cru devoir rapporter : « Restringenda est universalis [propositio], et explicanda de plerisque omnibus. Secamus enim venam etiam plethoricis, quibus neque corpus male affectum est, neque ulla naturalis administratio læsa. Huc tendit Alexandrini [l. l. p. 234] παραμυθία in plethoricis timeri morbum, nisi solvuntur ex præcepto Hippocratis Aphor., I, 3 ; et notum est alias Celsi [II, ii, init.] illud : qui solito nitidiores sunt, inspecta debent habere bona sua. De toto hoc negotio in medio est accuratissima disputatio Al. Massaria contra Horat. Augenium et hujus responsio, cui ilerum respondit Massaria. »