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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

Je reviens maintenant à mon sujet : je disais que l’insertion des artères sur les reins prouvait que j’avais raison en affirmant qu’elles contenaient aussi du sang[1]. Car si ce n’est pas pour purifier le sang qu’elles charrient, qu’on me dise pourquoi la nature les a créées si considérables, pourquoi elle les a prolongées et ramifiées ainsi que les veines jusque dans la cavité des reins. Quant aux reins, la grandeur de leurs vaisseaux prouve que nous avions raison de dire qu’ils débarrassent le sang de tout le liquide séreux. Si l’urine n’est que le résidu de la nourriture des reins (et le macédonien Lycus a poussé l’ineptie jusqu’à admettre cette opinion. — Cf. Facultés nat., I, xvii), pourquoi le Créateur, qui ne fait rien au hasard, a-t-il inséré sur des corps aussi petits que les reins des artères et des veines aussi considérables ? C’est ce qu’on ne saurait expliquer. Il faut, ou que Lycus avoue une maladresse de la nature, ce qu’il ne veut pas faire, ou qu’il soit manifestement convaincu de n’avoir sur les fonctions aucune notion saine.


Chapitre vi. — Raisons pour lesquelles la nature a placé le rein droit plus haut que le gauche. — Pourquoi la nature a-t-elle fait deux petits reins au lieu d’en faire un seul gros à gauche ; et pourquoi, d’un autre côté, n’a-t-elle fait qu’une rate et qu’une vésicule ? — Cela tient d’une part à la symétrie, et de l’autre à la nature même des excréments. — Les reins suffisent à purifier le sang de tout le sérum, cela est prouvé par le peu de sérum qu’on trouve sur le caillot après les saignées. — La grandeur des orifices artériels dans les reins prouve qu’ils attirent une humeur mélangée ; il en est de même de la rate, car les émonctoires qui doivent attirer une humeur sans mélange, comme la vésicule biliaire, ont de petits orifices dans le viscère qu’ils doivent purifier. — Cf. IV, vi.


Pourquoi donc l’un des reins (le droit) est-il situé plus haut, l’autre (le gauche) plus bas[2] ? Cette disposition est conforme à ce

  1. Ainsi Galien veut trouver ici dans un fait particulier une preuve indirecte que toutes les artères contiennent du sang ; son raisonnement revient à peu près à celui-ci : En apparence les artères ne contiennent pas de sang, mais elles en contiennent en réalité, autrement elles ne serviraient à rien dans les reins, mais elles doivent servir à quelque chose, et vu leur grosseur elles ne peuvent servir qu’à amener du sang qui doit être purifié. — Voilà quelle est (trop souvent pour son honneur) la force des arguments de Galien, mais voilà aussi comment il a pu dire avec raison, d’après sa théorie, que la recherche de l’utilité des parties pouvait rectifier les fausses opinions sur les fonctions (voy. note précédente).
  2. Voy. chap. v, et la note 1, p. 350 ; ajoutez d’après le Manuel des dissections