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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

dirons pourquoi ils sont concaves à l’endroit où pénètrent l’artère et la veine, et exactement convexes à la partie opposée ; nous expliquerons le but de leur substance, de leur connexion, de leur cavité, de leur tunique, de la présence d’une grande artère, d’une grande veine et, au contraire, d’un nerf tout-à-fait délié et imperceptible. De même au sujet des uretères et de la vessie, je pense qu’il est bon d’étudier non-seulement celle qui reçoit l’urine, mais encore celle qui reçoit la bile, dans leur substance, leur connexion, leur grandeur, leur forme, enfin dans toutes les autres particularités que nous passons en revue à propos de chaque organe. En effet on admirera davantage l’art de la nature si aucun de ces points ne passe sans examen, et l’on confirmera les notions que l’on possède sur les fonctions de ces organes en les vérifiant sur chacun d’eux séparément.

Et pour entrer immédiatement en matière (afin de démontrer tout d’abord que la recherche de l’utilité des parties convainc d’erreur les opinions fausses avancées au sujet des fonctions)[1],

    la fonction des reins. Mais voici que la comparaison de l’homme avec les animaux ruine toute cette belle théorie. Chez l’homme, en effet, c’est précisément le rein gauche qui est le plus haut, et le rein droit qui est le plus bas (voy. Cuvier, Anat. comp., 2e éd., t. VII, p. 558 et 563), sans que pour cela la fonction des reins soit autre chez l’homme que chez les animaux, attendu que la position des reins est un effet purement mécanique du mode de station, duquel il résulte que le foie pèse ou ne pèse pas sur le rein droit. On a là un exemple bien frappant du vice général de la méthode de Galien. Ainsi, faute de notions anatomiques complètes, faute d’avoir pu comparer l’homme aux animaux, faute surtout de ne pas savoir s’arrêter à temps dans son ardeur à tout expliquer, il ne donne au pancréas qu’une utilité mécanique (voy. p. 338), et il trouve au contraire dans la position des reins une utilité dynamique imaginaire. — Voy. aussi Eustachius (De renum structura, officio et administ. dans Opusc. anatom. Venet., 1575, cap. xii et xviii), qui combat victorieusement Galien, et J. Alexandrinus, Annot. in lib. De us. part., p. 223, qui le défend par de misérables arguments.

  1. Galien, après avoir répété souvent que la connaissance des fonctions doit précéder la recherche de l’utilité des parties, déclare que cette recherche peut, à son tour, corriger les fausses opinions sur les fonctions. Il n’y a là aucune contradiction dans les termes, car s’il est vrai de dire qu’on ne peut pas reconnaître qu’une partie est bien disposée si on ne sait pas à quoi elle sert, il n’est pas moins vrai que, dans certains cas, savoir qu’une partie est disposée de telle ou telle façon peut conduire à déterminer sa véritable fonction, surtout lorsqu’il s’agit, comme dans le cas présent, d’une partie qui n’est pas unique et isolée, mais qu’on