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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

cette bile est révolté, aiguillonné, et hâte la sortie des aliments qu’il contient. Si ce liquide remonte vers l’orifice [supérieur] de l’estomac (cardia), comme cette partie est éminemment sensible, la mordication qu’il cause excite une vive douleur, des nausées et des vomissements. S’il se précipite vers le fond du viscère, il coule rapidement vers le bas et entraîne toujours les aliments avec lui. En effet, l’estomac étant pris d’un violent mouvement péristaltique, si l’un des orifices vient à s’ouvrir, soit celui qui fait suite à l’œsophage (orifice cardiaque), soit celui qui est au fond du viscère (pylore), tous les aliments qu’il renferme sont également expulsés. Il résulte évidemment de là qu’en affluant dans l’estomac, la bile détruirait ou pervertirait la fonction propre de ce viscère, s’il est vrai que cette fonction consiste à cuire les aliments, que cette coction exige un temps assez long et que, la présence de la bile ne laisse pas séjourner les aliments dans l’estomac.

Les anciens médecins, indépendamment des autres préceptes salutaires, recommandaient donc avec raison de prendre chaque mois un vomitif après avoir mangé, les uns pensant qu’un seul suffisait, les autres jugeant qu’il en fallait deux, tous conseillant dans ces circonstances de choisir des aliments d’une nature âcre et détersive afin de nettoyer l’estomac de tout phlegme, et d’empêcher ainsi que l’économie ne soit infectée par la cacochymie[1] ; car les aliments doués de propriétés excitantes et détersives engendrent en général la bile et les humeurs mauvaises. Ces médecins ont donc eu raison de borner à l’estomac une action purgative qui ménageât le foie. Ils ont reconnu qu’il est naturellement très-facile de purger l’estomac, mais difficile de purger les intestins sans engendrer dans l’animal des humeurs nuisibles.

La raison pour laquelle la nature ne fait pas remonter l’excrément bilieux des intestins[2], dans les veines et les artères, a été

  1. Voy. pour l’historique de cette coutume nos notes sur Oribase, t. II, liv. VIII, chap. xx et xxi. — Hoffmann, dans la note qu’il consacre à ce passage (p. 86-7), n’a pas distingué le vomissement préservatif et, par conséquent, hygiénique qui est recommandé ici, du vomissement gastronomique sur lequel on trouvera aussi des renseignements dans les notes auxquelles je viens de renvoyer.
  2. « Nota obiter, qui Galeni quam veritatis studiosior es ! Si (quod ait Galenus heic) bilis in vasa non it ; si vera est ejus rei demonstratio, quam mox subjicit de varietate excretorum ; si (quo se refert heic) Facult. nat., II, ii, bilis a san-