Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
DES ORGANES ALIMENTAIRES.

suivants n’eût besoin d’un secours étranger. Aussi longtemps que tout se passe bien dans l’économie animale, elle est chaque jour débarrassée de l’excrément phlegmatique. Mais s’il s’en accumule davantage par suite d’une mauvaise disposition du corps, les médecins les plus distingués déclarent qu’il en résulte des iléus, des lienteries, des ténesmes, maladies les plus graves qui peuvent affecter l’estomac (γαστέρα) et les entrailles. Ce n’est donc pas un médiocre, ni un fortuit auxiliaire de la santé que la nature a ménagé aux animaux dans l’insertion si opportune du conduit de la bile.

Pourquoi n’a-t-elle donc pas inséré une partie de ce canal dans l’estomac même qui lui aussi engendre une quantité assez considérable de semblables excréments ? Vous n’en admirerez que davantage, je pense, sa prévoyance. Pour nous, nous recherchons inconsidérément l’utile, même quand il se trouve plus nuisible en certaines choses qu’avantageux dans celles que nous désirons. Mais dans aucune de ses œuvres la nature n’agit inconsidérément, ni ne préfère, par paresse, de grands maux à un moindre bien ; pour chaque chose jugeant le degré convenable avec une parfaite mesure, elle crée toujours le bien dans une proportion beaucoup plus large que le mal. Assurément, si cela était possible, le mal n’aurait aucune part dans la disposition de tous ces détails ; mais comme les choses sont établies (car il n’appartient à aucun art d’éviter complètement les inconvénients de la matière, et de créer une œuvre semblable au diamant et entièrement à l’abri d’altérations), il ne lui reste qu’à doter cette matière des attributs qu’elle comporte ; or ces attributs diffèrent selon la matière elle-même (cf. III, x, p. 261-3). Les astres sont certainement constitués d’une autre substance que nous-mêmes ; nous ne saurions donc réclamer l’invulnérabilité des astres, et accuser la nature en voyant quelque élément pernicieux mêlé à des milliers d’éléments utiles ; nous devrions prouver d’abord qu’il était facile d’éviter cet inconvénient sans jeter le trouble et la confusion dans beaucoup d’élé-

    la fin du duodénum était appelée tantôt νῆστις, tantôt ἔκφυσις τῆς γαστρός ; mais cette supposition ne paraît guère appuyée sur les textes. — Cf. Fuchsius, De humani corporis fabrica, III, vi, et de Tubinge, 1551, 8o, et la Dissertation sur l’anatomie.