Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
344
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, iv.

dire. Avez-vous parfois rencontré un homme repoussant les substances nutritives, vivant dans une abstinence effrayante, ayant des nausées s’il était contraint de manger, ne recherchant que les choses acides qui, loin de lui réussir, provoquaient le gonflement, la distension du ventre et des nausées, n’étant soulagé un peu que par les éructations, enfin chez qui les aliments mêmes se corrompaient parfois dans l’estomac, surtout en devenant acides ? Si vous avez rencontré un tel homme et que vous n’ayez pas oublié comment il a été guéri, vous donnerez, je pense, votre assentiment à ce que je vais dire ; si vous n’en avez jamais rencontré, je rapporterai le mode de traitement employé avec succès pour les personnes affligées de cette maladie.

Pour vous, si vous recherchez la vérité, prenez votre jugement pour contrôle de mes paroles ; lisez les remèdes inventés et décrits par les médecins, ayant pour base du traitement l’expulsion hors de l’estomac du phlegme, matière visqueuse par nature et qui, dans des affections de cette espèce, le devient beaucoup plus encore par son séjour prolongé dans un endroit si échauffé. Quant à moi, j’ai vu un de ces malades vomir une quantité incroyable de phlegme très-épais, après avoir pris des raiforts infusés dans du miel et du vinaigre, et se trouver à l’instant guéri complètement, bien que depuis trois mois il souffrît de l’estomac et que ses digestions se fissent mal. J’ai démontré ailleurs (Fac. nat., II, ix), je l’ai dit, que la production d’un résidu semblable dans l’estomac (ἐν τῇ κοιλίᾳ) et les intestins était nécessaire. Cette production est prouvée par la dissection et par les affections quotidiennes qu’engendre chez l’homme la surabondance de semblables superfluités. La seule guérison est dans un remède capable de diviser, de séparer, de balayer ces matières épaisses et visqueuses. La nature, dès le principe, a ménagé un bon remède dans ce suc âcre et détersif dont il fallait complétement débarrasser le corps, en le versant non dans l’intestin voisin de l’anus, mais dans le premier prolongement de l’estomac (le duodénum)[1], afin qu’aucun des intestins

  1. Dans le traité De la méthode thérapeutique (XIII, xiv), il semble que Galien fait arriver le canal cholédoque au jéjunum, et dans le traité Des tempéraments (II, vi), il l’insère tantôt au jéjunum et tantôt au duodénum ; il faut, ou voir là une inexactitude de langage, ou bien admettre avec Hoffmann (l. l., p. 85-6) que