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DES ORGANES ALIMENTAIRES.



Chapitre iv. — Utilité de l’insertion du canal cholédoque au duodénum : la bile sécrétée dans cette première partie de l’intestin contribue puissamment à expulser les matières phlegmatiques qui s’y accumulent, et dont la surabondance cause de très-grands désordres. — Faits pathologiques et thérapeutiques qui prouvent à la fois la nocuité des superfluités phlegmatiques, et les heureux résultats de la présence de la bile. — Pourquoi une partie du canal cholédoque ne s’insère-t-elle pas à l’estomac, qui lui aussi contient des matières phlegmatiques ? Galien répond : La présence de la bile dans l’estomac eût causé de graves accidents, vu la sensibilité exquise de ce viscère ; de plus, elle eût trop activé la sortie des aliments ; il est facile, d’une part, à l’aide d’agents introduits par la bouche dans l’estomac, d’évacuer ce phlegme, ce qu’on fait beaucoup plus difficilement par les intestins ; d’une autre, il importe que les aliments séjournent dans l’estomac pour être suffisamment cuits. — À ce propos, Galien compare les règles que suivent l’homme et la nature dans la recherche de l’utile. — Sage précepte des anciens médecins relatif aux vomitifs périodiques. — La bile une fois versée dans les intestins n’est plus reprise dans l’économie animale ; d’un autre côté, quand elle est répandue dans le corps, elle n’arrive plus dans les intestins ; la preuve en est dans la couleur des matières excrétées dans l’ictère. — La nature n’a pas agi avec moins de sagesse dans la production des voies d’excrétion de la bile noire que la rate n’a pas pu élaborer entièrement. — Comparaison des qualités de la bile noire avec celles de la bile jaune.


Écoutez la suite de cette exposition sans oublier jamais ce que je viens de dire. Je vais commencer par démontrer, au sujet de l’excrément bilieux, car j’avais ajourné cette démonstration (chap. ii), que le mieux était qu’il s’écoulât dans le prolongement de l’estomac (duodénum). Que la route la plus courte fût préférable pour le conduit même de l’excrément (canal cholédoque), appelé ainsi à participer promptement aux avantages préparés par la nature pour la sûreté des vaisseaux qui aboutissent à cet endroit, je pense que c’est là un fait évident pour ceux qui ont écouté attentivement les considérations précédentes (IV, xx et V, ii).

Si l’on veut comprendre que cette disposition était préférable aussi pour les organes qui doivent recevoir cette bile, il suffit de savoir quelle quantité d’humeurs phlegmatiques (mucosités) il s’y forme inévitablement. Dans mes Comment. sur les facultés naturelles (II, ix) j’ai discouru avec exactitude et suffisamment sur la production de ces humeurs, appuyant mon dire par des démonstrations appropriées. Qu’il naisse une quantité d’humeurs semblables, c’est un fait que nous mentionnons en passant ; il s’agit maintenant d’en tirer des arguments pour établir ce que nous avions à