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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, ii-iii.

dent que le commencement de leur division devait se trouver dans cet endroit même.

Or, tout vaisseau est très-exposé là où il se divise, et si quelque mouvement violent doit lui occasionner une lésion, elle surviendra le plus promptement dans le lieu où il se bifurque. Ce lieu réclamait donc une grande protection pour la sûreté des vaisseaux qui s’y distribuent et s’y ramifient. La nature, qui le savait, a créé un corps glanduleux appelé pancréas[1], qu’elle a placé sous eux comme un lit et dont elle les a environnés ; elle a comblé de la substance de ce corps les divisions des vaisseaux, de façon qu’aucun d’eux ne se divise trop aisément et ne soit privé de soutien : tous, au contraire, reposent sur une substance molle, qui cède dans une juste mesure, et en cas d’un mouvement un peu violent, retombent non sur un corps dur et résistant, mais sur un corps qui les reçoit doucement, où s’amortit peu à peu la violence de la commotion, et qui les préserve à jamais de toute lésion, meurtrissure ou brisure. La nature a revêtu non-seulement chaque vaisseau séparément, mais tous les vaisseaux ensemble, de fortes membranes qui les protégent et les rattachent non pas à la glande seule, mais en premier lieu et principalement aux organes placés au-dessous d’eux le long de l’épine, et en second lieu à tous les autres organes voisins.

Mais la nature n’eût rien accompli convenablement en cet endroit si elle n’y eût ménagé un vaste espace. Car si le jéjunum eût été attaché au fond même de l’estomac (τῆς κοιλίας), les circonvolutions qui sont propres à cet intestin n’auraient pas peu rétréci la place.

    porte part du foie eu égard à son origine et se dirige vers le canal intestinal, bien que le sang la parcoure dans un sens opposé. Tout cela rend la traduction difficile, et l’interprétation fort obscure.

  1. Voy. pour cette glande les Dissertations sur l’anatomie, et sur la physiologie de Galien. — Les anatomistes de la Renaissance ne connaissaient pas plus que Galien les usages du pancréas. Voy. par exemple Varole, Anatom., III, ii et iii, et Bauhin, Theatr. anat., I, xix. Aux usages mécaniques admis par Galien, ces deux anatomistes ajoutent, avec Hippocrate, celui de séparer du sang la graisse bourbeuse que l’épiploon et le mésentère n’ont pu dévorer (depascere) !