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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, ii.

d’un grand nombre de points du foie vers chacune des parties sous-jacentes, ou bien que, choisissant dans le viscère un point unique convenable, elle en fît dériver une grande veine pour en tirer ensuite les autres veines, comme des branches d’un tronc ? Ce dernier choix me semble le meilleur. Non-seulement il n’était sûr ni pour des veines destinées à un long trajet, d’être dès le principe constituées par des filets si minces, ni pour le foie d’être percé d’un si grand nombre de vaisseaux ; mais, pour ce viscère, il valait mieux être revêtu d’une forte tunique et ne donner passage en tout qu’à deux veines considérables, en haut la veine cave, en bas la veine qui est aux portes (veine porte)[1].

Puisqu’il était préférable que cette dernière veine fut unique, cherchons maintenant quels étaient pour elle le meilleur trajet et la meilleure distribution. Il me semble qu’arrivant entre l’estomac et les intestins, elle devait, comme elle le fait, se distribuer dans ces viscères. En descendant plus bas elle se fut beaucoup éloignée de l’estomac ; en remontant plus haut, d’abord elle s’écartait des intestins, de plus il y avait danger pour elle à reposer sur l’estomac, organe qui change continuellement de forme, tantôt se dilatant extrêmement, quand il est rempli d’aliments, et tantôt s’affaissant, quand il est vide. Donc, pour assurer à la fois une égale répartition des veines dans les organes de la nutrition, et une position solide au vaisseau qui descend du foie, il fallait que ce vaisseau amené entre l’estomac et les intestins, fut appuyé sur les vertèbres [dorsales] qui sont placées en dessous (en arrière). Mais il n’était pas bon que la veine occupant une certaine place, l’artère qui se ramifie en même temps qu’elle et qui doit se distribuer à tout le mésentère (A. mésentérique supér.) en occupât une autre[2]. Partout, en effet, à moins d’obstacle su-

  1. Dans la Dissertation précitée, j’ai indiqué, autant du moins qu’on les connaît, les lois qui président à la distribution des vaisseaux artériels et veineux dans les viscères glanduleux ou autres, et dans le reste du corps. Voy. aussi ce que Galien lui-même en dit un peu plus bas.
  2. Évidemment Galien n’a pas entendu parler ici du point d’origine des deux vaisseaux, mais du lieu où leurs ramifications s’enchevêtrent. Du reste, comme il serait difficile de donner ici les explications suffisantes pour faire comprendre lamanière dont Galien conçoit et décrit la distribution des vaisseaux destinés