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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, xvii.

que la plus grande partie passe dans les veines. Ce fait même que les artères contiennent naturellement le sang, est établi à part dans un autre traité[1].

Il ne nous reste maintenant qu’à achever la description de la structure des intestins. Nous avons montré (chap. viii, cf. Fac. nat., III, x-xi) que toutes les fonctions, toutes les facultés dites éliminatoires et propulsives (ἐκκριτικαί τε καὶ προωστικαί) résultaient du mouvement des fibres transversales, comme les propriétés attractives du mouvement des fibres droites. Si donc l’estomac, doué de ces deux facultés, réclamait deux tuniques disposées en sens inverse, chaque intestin n’ayant pas d’autre espèce de mouvement que la propulsion, ne devait posséder qu’une espèce de tunique se déroulant en fibres transversales et circulaires. Pourquoi donc les intestins sont-ils pourvus de deux tuniques si elles se comportent de la même façon[2] ? L’une des deux paraît superflue. Il n’en est rien. Si la tunique des intestins est double, c’est pour exercer plus fortement la puissance d’expulsion, et pour protéger les organes mêmes contre les lésions. De même que le séjour prolongé des aliments dans l’estomac importait à leur complète coction, de même le séjour dans les intestins était préjudiciable. Il suffisait, en effet, de leur passage à travers un conduit long et étroit, pour en opérer dans le foie une distribution exacte.

La sécurité des intestins, leur résistance parfaite aux causes perturbatrices ne trouve pas une protection médiocre dans la présence des deux tuniques, c’est ce qu’on remarque surtout dans les affections dyssentériques. Nous avons vu maintes fois beaucoup de malades depuis longtemps atteints d’affections très-graves, ayant une grande partie des intestins pourrie au point qu’en beaucoup de places la tunique interne était détruite. Ils vivaient cependant, et continuaient de vivre, grâce à cette seconde tunique qui protégeait la tunique viciée[3]. Certains intestins sont re-

  1. Voy. le traité Si du sang est contenu dans les artères. — Cf. Manuel des dissect., VI, xvii ; Utilité des parties, V, xi, et XIV, xiv. — Voy. aussi la Dissertation sur la physiologie de Galien.
  2. Voyez, pour cette proposition, amendée et rectifiée un peu plus bas, et pour la détermination de ces tuniques, la Dissertation sur l’anat. de Galien.
  3. C’est là une proposition vraie, et qu’on peut établir en partie par la seule