Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
325
DES ORGANES ALIMENTAIRES.

Mais il faut apprendre par les considérations suivantes que les intestins n’ont pas été créés directement ni pour charrier les excréments, ni pour élaborer les aliments, mais pour distribuer dans les veines tout le suc qui s’est formé dans l’estomac : d’abord chez aucun animal, l’estomac n’a été créé contigu aux organes d’excrétion, quoiqu’il eut été possible de prolonger immédiatement son extrémité jusqu’à la partie appelée siège (ἕδρα) ; en second lieu, chez la plupart des animaux les intestins se replient en circonvolutions très-nombreuses ; enfin l’aliment ne sort de l’estomac que parfaitement élaboré. Ceci a été déjà démontré (chap. vii). Ce fait que chez les animaux l’estomac et le rectum ne sont pas réunis, indique clairement qu’il devait exister des organes différents pour la coction des aliments et pour leur distribution (ἀνάδοσις). Supposez leur jonction, les veines couraient souvent risque d’absorber un aliment cru et mal élaboré. Il fallait donc éviter ce danger, car il est clair qu’à l’un des organes revenait la coction, à l’autre la distribution. Ce que nous avancions tout à l’heure est encore confirmé par cette circonstance que non-seulement l’estomac ne se prolonge pas jusqu’à l’anus, mais qu’il en est encore séparé par des replis nombreux et disposés en cercle, circonstance qui empêche la sortie trop prompte de l’aliment du corps de l’animal. - Supposez un second estomac faisant suite au premier, réservoir destiné à la distribution, comme le précédent à la coction, il n’arriverait pas au foie, en si peu de temps et à travers tant de veines, une quantité assez considérable d’aliments. Dans l’état actuel les circonvolutions des intestins dans lesquelles pénètre un nombre infini de veines du foie, renvoient à ce viscère toute l’humeur cuite par l’estomac.

Dans notre [première] hypothèse le foie ne recevrait de loin en loin par les embouchures de veines peu nombreuses qu’une faible quantité d’aliment liquéfié, et la distribution serait ralentie et durerait longtemps. En effet, les orifices des vaisseaux doivent être en contact avec l’humeur élaborée et cuite. D’un autre côté, avec un second estomac établi sous la première grande cavité, l’aliment ne serait en contact qu’avec une petite portion de cet estomac, avec celle-là seule qui la toucherait ; la plus grande partie perdue dans la profondeur de ce viscère échapperait à l’action absorbante des veines. Maintenant l’étroitesse du conduit en ré-