Il faut parler maintenant des intestins. Donc l’aliment s’élabore encore en traversant les intestins, comme le sang dans toutes les veines, et pourtant aucun des intestins n’est destiné [primitivement] à cette élaboration non plus que les veines à l’hématose ; mais comme nous l’avons dit, d’un côté la nature se sert, jusqu’à un certain point, en vue du mieux, de chacun des organes, de l’autre une utilité nécessaire est attachée aux organes créés dans un but déterminé[1]. C’est ainsi que créant les veines pour être les instruments de distribution, elle leur a donné en outre une puissance génératrice du sang, afin que le temps ne fût pas perdu en vain pour l’aliment pendant qu’il circule dans les veines. De même les intestins créés pour distribuer cet aliment dans les veines sont doués aussi [secondairement] de la propriété d’élaborer les aliments. Mais il était impossible, comme nous l’avons montré dans notre traité Sur les facultés naturelles (passim), que chacune des parties de l’animal ne fût pas douée également d’une faculté altératrice. Aussi la substance des intestins diffère peu de celle de l’estomac. Si donc ils devaient jouir nécessairement d’une faculté altératrice, et encore d’une faculté altératrice semblable à celle de l’estomac, il s’ensuit non moins nécessairement que l’aliment sera soumis aussi à la coction dans leur intérieur. Or si le foie est pour ainsi dire l’officine de l’hématose, l’estomac est l’officine de la coction.
- ↑ Τὸ μέν πού συγχρῆται πρὸς τὸ βέλτιον ἑκάστῳ τῶν ὀργάνων ἡ φύσις, τὸ δέ τι κἀξ ἀνάγκης ἕπεται πᾶσι τοῖς ἕνεκά του γεγονόσιν. — C’est là une formule aristotélique que, dans ma Dissertation sur la physiologie de Galien, j’ai discutée, après avoir rapporté les divers passages des écrits d’Aristote, où elle se trouve. — Cf. aussi Hoffmann, p. 77-8.