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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

est plus épais ; car les artères ont une tunique plus dense que les veines, et le sang qu’elles contiennent est plus subtil et plus vaporeux ; or, un tel sang convient mieux pour nourrir une substance flasque, comme un sang plus épais est plus propre à servir d’aliment à une substance dense. Mais ce sang si ténu renfermé dans les artères de la rate est engendré par ces excréments épais et chargés de bile noire dont j’ai parlé. Il résulte de là que la substance de la rate, bien que flasque, diffère grandement de celle du poumon. Cette dernière est très-flasque, très-légère, à peu près blanche, ayant l’apparence de l’écume congelée. Elle se nourrit en effet d’un sang parfaitement pur, jaune rougeâtre, subtil et chargé d’air. Le sang que lui envoie le cœur, possède tous ces avantages. Mais nous traiterons en particulier de la nature de ce viscère (VII, ii).

La substance de la rate étant aussi flasque par rapport au foie qu’elle est dense par rapport au poumon, est avec raison nourrie par un sang plus subtil. Il est vrai que le sang, quand il est dans la rate, est plus épais que celui du foie ; mais élaboré par les artères de la rate et par les veines munies d’une tunique bien plus épaisse que celle des veines du foie, il pénètre dans la chair de la rate, non pas en masse et épais, mais ténu et peu à peu. De là vient que la substance de ce viscère est plus rare, et plus légère que celle du foie, mais non pas plus rouge ou plus jaune. En effet, l’humeur qu’elle a purifiée et qui, élaborée, lui a servi de nourriture, était chargée de bile noire. Le sang qui alimente le foie est bon, quoique épais, à cause de la ténuité des tuniques de ses veines, et de la grandeur des ouvertures dont il est percé.

En résumé, voilà comment sont nourris les trois viscères : le foie tire sa nourriture d’un sang rouge et épais, la rate d’un sang ténu, mais noir ; le poumon d’un sang parfait, élaboré, jaune rougeâtre, ténu, chargé de pneuma et pur. La substance de ces viscères répond, par son aspect, à celui de l’humeur qui les nourrit, ou plutôt ces substances devant être telles qu’elles sont, la nature leur a préparé un aliment approprié.

Nous avons indiqué les deux utilités (purification du sang, alimentation du viscère) de la multitude d’artères répandues dans la rate. Elles présentent encore une autre utilité résultant de leur