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QUE LE BON MEDECIN EST PHILOSOPHE.

à peine aussi se résoudraient-ils à régler le régime en calculant l’époque du summum de la maladie ; cependant Hippocrate[1] ordonne d’agir ainsi, par rapport au régime. Que leur reste-t-il donc en quoi ils imitent ce grand homme ? Ce n’est certes pas par la perfection du langage[2] ; Hippocrate excelle sous ce rapport ; mais, pour nos médecins, c’est tout le contraire ; on en voit beaucoup qui font deux fautes en un seul mot, ce qui n’est cependant pas facile à comprendre. C’est pourquoi j’ai cru devoir rechercher la cause pour laquelle tous les médecins, bien qu’ils admirent Hippocrate, ne lisent point ses écrits, ou ne les comprennent point, si par hasard ils les lisent, ou encore s’ils ont la bonne fortune de les comprendre, ne font pas suivre la théorie de la pratique, en s’efforçant de fortifier en eux ces principes, et de s’en créer une habitude. Or, je constate[3] que rien ne réussit aux hommes, si ce n’est par la volonté et par la puissance intellectuelle ; et s’ils sont dépourvus[4] de l’une ou de l’autre de ces qualités, il leur est nécessairement impossible d’atteindre ce but. Je reviens aux athlètes : nous les voyons ne pas atteindre leur but, soit à cause d’une incapacité physique naturelle, soit à cause du manque de pratique ; mais celui[5] dont le corps est organisé pour la victoire, et qui s’exerce convenablement, qui peut l’empêcher de recevoir souvent[6] la couronne triomphale ? Les médecins de notre époque sont-ils donc à ce point maltraités par la fortune, que toute espèce de capacité et de volonté leur

  1. Aphorismes I, 3 à 11 et particul. Aph., 8, 9 et 10. — Voy. aussi le traité Du régime dans les maladies aiguës, § 4 à 6.
  2. Ὁ γὰρ δὴ τήν γε τῆς ἑρμηνείας δεινότητα, vulg. et ms. 2164. Coray lit conformément au contexte et à la suite du raisonnement : οὐ γὰρ δὴ τήν γε. κ. τ. λ.
  3. Εὑρίσκων δέ, vulg. εὑρίσκων δή ms. 2164. Εὑρίσκω δέ, Coray ; cette leçon me paraît beaucoup plus en rapport avec le contexte. Le texte ordinaire donne une phrase fort embarrassée.
  4. Ἀτυχήσαντι, vulg. et ms. 2164. Coray propose avec raison ἀτυχήσασι
  5. Οὕτω δὲ ἂν καὶ ἡ τοῦ σώματος φύσις ἀξιόνικος ᾖ, κ. τ. λ. vulg. et ms. 2164. Coray introduit ici une correction ingénieuse et lit ὅτῳ δὲ, κ. τ. λ., ce qui rend la phase grecque beaucoup plus régulière.
  6. Πολλῷ, vulg. et ms. 2164. Coray propose πολλούς ; peut-être aussi pourrait-on lire πολλάκις.