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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, xii-xiii.

même du viscère, qu’on puisse regarder comme le premier organe de la sanguification et le principe des veines. En examinant sa nature, on voit manifestement qu’elle est analogue à celle du sang. Si vous vous représentez du sang desséché et épaissi par la chaleur, vous ne verrez rien autre chose se produire que la chair du foie[1]. L’état des parties vient encore à l’appui de ce fait souvent démontré dans d’autres écrits[2], à savoir que chacune des parties qui altèrent l’aliment a pour but et pour fin de s’assimiler l’aliment altéré. — Si vous vous figurez le liquide (χυλόν) pris à l’estomac, modifié par la chair du foie, et transformé rapidement en sa propre nature, vous le trouverez nécessairement plus épais et plus rouge qu’il ne doit être quand il n’a pas encore été complètement assimilé à la substance du foie. En effet, j’ai aussi prouvé (Facultés nat., I, x) qu’aucune chose ne peut prendre des qualités opposées, ou du moins très-différentes, sans avoir d’abord passé par les degrés intermédiaires. Si donc la chair du foie a pour but de s’assimiler la nourriture, cette assimilation ne pouvant s’opérer rapidement, le sang constituera l’intermédiaire, et sera autant inférieur à la chair du foie qu’il est supérieur à l’humeur (χυμός) élaborée dans l’estomac. Ceci a été démontré ailleurs plus en détail (De l’utilité du pouls). Ces considérations suffisent maintenant pour instruire de l’utilité des parties.

La chair du foie, qui est sa substance même, est le premier organe de la sanguification et le principe des veines. C’est pour

    appelait cette chair du foie parenchyme, παρέγχυμα (quasi περιέκχυμα dixisset hoc est effusum vasis suis sanguinem, et circum illa demum concretum ; Hoffm., l. l., p. 69). Et il ajoute que cette substance est une espèce de calfeutrage (δίκην στοίβης) placé entre les divisions des vaisseaux et qu’on peut l’enlever complétement avec les doigts, et laisser ainsi ces vaisseaux à nu. — Ce mot de parenchyme est resté dans la science moderne, mais on n’a plus tenu compte de la dérivation primitive ; il signifie la substance propre d’un viscère.

  1. Voy. Aristote, Part. anim., III, xiii. — Cf. chap. vii, p. 264, l. 39 suiv. ― Suivant cet auteur, les viscères diffèrent de la chair, non-seulement par le volume, mais encore parce que [dans les muscles] la chair est à l’extérieur, et que dans les viscères elle est à l’intérieur ; la cause en est que les viscères ont une communauté de nature avec les veines, que les uns sont créés en vue des veines et que les autres n’existent pas sans les veines.
  2. Facultés nat., III, vii ; Temper., III, ii ; Dogmes d’Hipp. et de Platon, VI, viii. — Voy. la Dissert. sur la physiologie de Galien.