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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

considérable de graisse qui fournit de la chaleur à l’estomac, lubrifie les membranes, et en l’absence d’aliments entretient la chaleur naturelle[1].

Si donc pour les motifs énoncés il était bon que l’épiploon fût placé et surnageât pour ainsi dire sur l’estomac (c’est de là qu’il tire son nom[2]), il ne fallait pas d’un autre côté que, détaché complétement des autres parties, il se balançât au-dessus d’elles. Se repliant trop aisément il se serait enroulé, contourné à plusieurs reprises sur lui-même, et n’aurait plus couvert certaines des parties qui ont besoin de protection. C’est pourquoi la nature l’a attaché à la rate (épipl. gastro-splénique), et à la glande appelée pancréas[3]. De là encore vient qu’il envoie un prolongement à l’intestin grêle, au mesentère[4], au colon[5] et aux parties recourbées de l’estomac. Si la nature avait voulu seulement attacher l’épiploon à chacun des organes précités, il suffisait d’y insérer sa membrane sans y ajouter des vaisseaux ; mais portant plus loin sa prévoyance, elle a, par des vaisseaux, préparé entre ces organes des relations dont l’utilité sera démontrée en temps opportun.

  1. Cf. Bauhin, Theat. anat., I, xii, p. 46, éd. de 1621, 4o. — « Ces provisions de graisse, dit M. Duvernoy, dans Cuvier (Anat. comp., 2e éd., t. IV, 2e part., p. 681) en parlant de la graisse épiploïque et de celle des autres replis du péritoine, donnent à l’animal chez lequel elles ont lieu, la faculté de se passer d’aliments aussi longtemps qu’elles ne sont pas épuisées. » Cette proposition se rapproche beaucoup, comme on voit, de celle de Galien.
  2. Voy. le Manuel des diss., VI, x, init., et la Dissertation sur les termes anatomiques.
  3. Chez l’homme le mésocolon transverse arrive au bord inférieur du pancréas ; chez quelques animaux cette glande est contenue dans le dédoublement des lames de ce mésocolon, lequel paraît être, pour Galien, comme du reste, pour plusieurs anatomistes modernes, un prolongement de l’épiploon. — Voy. la Dissert. précitée.
  4. Pour ces deux insertions très-problématiques, et pour les rapports de l’épiploon avec le pancréas, voy. la Dissertation sur l’anatomie de Galien.
  5. Il serait difficile, d’après ce passage, de savoir si Galien entend seulement ici l’insertion au colon transverse, le long du ligament épiploïque, ou cette insertion et le prolongement qui descend le long du colon ascendant (épiploon colique de Haller) ; mais en se reportant au Manuel des dissect., VI, v, init., où il est dit que l’épiploon se fixe à droite au colon (κατὰ τὰ δεξιὰ μέρη τῷ κώλῳ συναπτόμενον), on sera tenté de croire que Galien a connu cet épiploon colique. — Voy., du reste, pour tout ce paragraphe, la Dissertation précitée.