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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, ix.

eût été séparé à la partie supérieure, ce mouvement péristaltique opéré par les fibres transverses dont nous parlions tout à l’heure (chap. viii) aurait chassé les aliments autant vers le haut que vers le bas.

Ce n’est donc pas un mince service que rend le péritoine, qu’on l’appelle tunique, membrane, ou enveloppe[1], ou de tout autre nom que s’amusera à forger quelqu’un de ces gens qui passent leur vie entière à se disputer sur les mots. En effet les uns réservent ce nom de tuniques (χιτών) aux enveloppes composées (σύνθετα), les autres aux enveloppes épaisses. Il en est qui leur refusent cette dénomination si elles ne sont par nature à la fois composées et épaisses. On dispute de la même façon au sujet des membranes (ὑμήν). Pour ceux-ci il suffit qu’elles soient simples, pour ceux-là qu’elles soient minces. Les autres veulent, pour leur donner ce nom, trouver réunis ces deux caractères, et si l’enveloppe n’est pas à la fois mince et simple, ils ne croient pas devoir l’appeler membrane. Les anciens appelaient tuniques, membranes, méninges (μήνιγξ[2]) et ces parties et toutes les autres de nature semblable ; à leur exemple nous nous abstiendrons d’un vain bavardage sur les noms, et nous poursuivrons notre discours.

Voici la quatrième utilité de l’enveloppe appelée péritoine : en embrassant exactement et en comprimant tous les viscères abdominaux, il prévient dans ces viscères la naissance trop facile des vents. Ces viscères sont aidés eux-mêmes par leur faculté propre ; en l’exerçant, comme il a été démontré ailleurs (Des facultés naturelles, III, iv), ils se replient sur leur contenu en opérant un mouvement péristaltique et le compriment de tous côtés. Le péritoine n’est pas non plus d’un médiocre secours, lorsque ces viscères étant trop faibles, trop débiles pour se replier aisément sur les aliments quels qu’ils soient, se remplissent dé vents et de sapeurs flatulentes, d’où résulte nécessairement un défaut de coction des aliments, et un retard dans leur distribution. Au contraire, grâce à la vigueur des parties, et à la compression péristaltique qu’exercent l’estomac, les intestins et le péritoine, les aliments

  1. On trouvera à peu près les mêmes choses dans le Manuel des dissections, VI, iv, init. ; voy. aussi la fin du présent chapitre et le viie vers la fin.
  2. Voy. pour le mot μήνιγξ la Dissert. sur les termes anatom. et physiologiques.