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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, ix.

J’aurai exposé presque tout ce qui regarde l’estomac, si je dis en outre quels sont les ligaments qui unissent ce viscère à l’épine, et quelle est l’origine de l’épiploon ; car l’estomac devait être fixé solidement, et l’épiploon ne pouvait pas prendre son origine au hasard. Le Créateur paraît avoir employé merveilleusement le péritoine (περιτόναιον) à ce double usage ; mais il est nécessaire de dire auparavant quelle est la nature de ce péritoine dont le Créateur s’est servi convenablement pour les usages susdits, et de quelle utilité il peut être aux animaux. Quant à sa substance, le péritoine est un corps membraneux[1] ; ses utilités chez les animaux sont nombreuses : d’abord, il sert d’enveloppe aux parties qu’il recouvre, savoir : l’estomac, les intestins et les autres viscères situés au-dessous du diaphragme (φρένες) ; puis il sert comme de barrière (ὡς διαφράγματος) entre ces divers viscères et les muscles placés à la partie externe ; ensuite il accélère la descente du résidu des aliments secs ; il prévient encore le développement trop facile des vents dans les intestins et dans l’estomac ; enfin, il sert à relier toutes les parties placées au-dessous du diaphragme et à recouvrir chacune d’elles d’une espèce de peau.

La première utilité est assez médiocre, les parties recouvertes par le péritoine étant suffisamment protégées par les corps extérieurs (parois abdominales) qui reposent sur elles. Là, en effet, se trouvent des muscles forts, pourvus d’une graisse abondante, et une peau épaisse. Toutes les autres utilités sont dignes de considération ; quelques-unes même sont tout à fait importantes et d’un grand intérêt pour les animaux. Voici donc quelle est son utilité comme barrière. Des muscles nombreux et forts étant disposés sur l’abdomen pour aider à la voix, à l’exsuffiation[2], à l’évacuation des fèces et de l’urine, ainsi qu’il a été montré ailleurs (Manuel des dissect., VI, xiv ; Facultés naturelles, III, iii, Des causes de la respiration), et ainsi qu’il sera dit dans les livres

  1. Les modernes ont noté que le péritoine est plus mince que la plupart des autres membranes séreuses. Dans le Manuel des Dissections (VI, iv) Galien compare le péritoine (pour l’épaisseur du moins) à une large toile d’araignée. C’est par le péritoine qu’il commence la description des organes abdominaux, mais la manière dont cette membrane se comporte est beaucoup plus facile à saisir quand on a décrit d’abord les organes qu’elle enveloppe.
  2. Ἐκφύσησις. C’est pour Galien un des éléments de la voix. Voy. VII, v.