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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

Pourquoi dans l’homme cette partie se prolonge-t-elle au point de couvrir tous les intestins ? Est-ce parce que chez lui la coction s’opère très-difficilement ; que la peau extérieure est très-molle, dépourvue de poils et très-susceptible ? Chez les autres animaux, l’épiploon ne couvre pas non plus l’estomac seulement, mais il s’étend sur les intestins plus ou moins, selon la nature de chacun d’eux[1].

    série d’arguments qui n’ont pas une très-grande valeur scientifique, que l’épiploon est un diverticulum et un réservoir du sang pour l’estomac. Chaussier (l. l.) ne serait pas éloigné d’adopter cette manière de voir, du moins pour la portion gastro-colique : néanmoins il cherche surtout à démontrer que le péritoine a pour usage de permettre l’ampliation de l’estomac. — J’ai peine à croire que le membre de phrase suivant (cet homme était naturellement, etc.), qui semble précisément détruire, au moins en grande partie, l’explication donnée par Galien, appartienne au texte primitif ; j’incline à le regarder comme une addition marginale fort ancienne passée depuis dans le texte.

  1. « Les hommes et les singes ont l’épiploon très-grand : aussi beaucoup d’hommes sont-ils appelés souvent porte-épiploon (ἐπιπλοοκομισταί) ; en effet on nomme ainsi [ceux qui portent] une hernie dans laquelle l’épiploon passe à travers le conduit qui descend aux testicules (canal inguinal). Après l’homme aucun autre animal, si ce n’est le singe, n’est sujet à cet accident. » (Galien, Manuel des dissections, VI, v, initio.) — « L’épiploon existe dans tous les mammifères, et son étendue varie beaucoup, sans suivre le rapport des ordres naturels. On sait que cette étendue n’est pas, à beaucoup près, la même dans les différents individus de l’espèce humaine, que l’épiploon quelquefois n’atteint pas l’ombilic ; que d’autres fois il dépasse à peine ce point ; que dans d’autres cas il descend jusqu’au pubis. Les différences moins marquées dans les autres mammifères pour les individus d’une même espèce, ont lieu pour des espèces d’un même genre et surtout pour des genres différents, quoique d’un même ordre naturel. Ainsi l’on a trouvé que l’épiploon de l’ours brun ne dépassait pas le milieu de l’abdomen, tandis que dans le blaireau et le raton, il se prolongeait jusqu’au pubis. Cependant il a le plus ordinairement cette dernière étendue et remonte même sur les côtés jusqu’aux reins. Dans quelques cas, il est tellement développé qu’après avoir embrassé les intestins en arrière et s’être enfoncé dans le bassin, il revient en avant en longeant le rectum. C’est ce que nous avons observé plusieurs fois dans quelques espèces de singes. L’espèce de cul-de-sac qu’il formait en arrière, en se repliant ainsi sur les boyaux, était retenu par un fort tissu cellulaire à la vessie, au rectum, au mésorectum, et aux côtés du péritoine. Lorsque l’épiploon a cette disposition, non-seulement il augmente les enveloppes des intestins, mais encore il fixe ces viscères plus qu’ils ne l’auraient été sans lui, et empêche, en les contenant, qu’ils ne pèsent trop contre les points faibles des parois de l’abdomen. » (Cuvier, Anat. comp., 2e édit., t. IV, 2e part., p. 676-7.)