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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, ix.

cet homme était naturellement maigre de tout le corps et particulièrement du ventre (γαστήρ), ce qui le prédisposait, je crois, à se refroidir promptement.

    dites privées de sang, et conséquemment plus facilement frappées par le froid ; on s’appuyait de l’exemple des animaux qui hivernent, et que nous avons dit avoir un épiploon plus large et chargé de plus de graisse ; on a argué surtout d’une observation de Galien, qui raconte qu’un gladiateur, auquel il avait enlevé une portion du grand épiploon, a ensuite éprouvé une sensation continuelle de froid en cette partie, a été sujet à de fréquentes indigestions (Galien ne parle que de la sensation de froid ; Chaussier a confondu deux observations, celle de Galien et celle de Nancelius ; voy. De omento, par Fr. Reebmann, Argentor., 1753, 4o, p. 22). Mais les motifs sur lesquels on fonde une plus grande disposition de l’estomac et des intestins à être refroidis, sont hypothétiques et vains : les animaux hivernants n’ont pas constamment l’épiploon plus grand et garni de plus de graisse (Cuvier, Anat. comp., 2e éd., t. IV, 2e part., p. 67-69, suiv., paraît cependant regarder ce fait comme général). Mille fois on a enlevé, dans des cas de hernie, de grandes portions d’épiploon sans avoir observé l’effet qu’a signalé Galien ; enfin cet usage ne serait encore applicable qu’à la portion gastro-colique de l’épiploon. » Chaussier et Adelon, article Épiploon du Dict. des sc. médic. — Ziegerus (De omento, Lips., 1717, 4o, p. 20) avait déjà combattu cette opinion de Galien, renouvelée d’Aristote (Part anim., IV, iii, p. 276), partagée par beaucoup d’auteurs, et en particulier par Nancelius (Analog. Microc. ad Macroc., éd. de 1611, col. 621) ; il lui oppose l’observation de Forestus (Observ. chirurg., VI, obs. 7, t. IV, p. 154, éd. de 1653. Voici, du reste, comment Reebmann (l. l., p. 22-23) s’exprime sur ce sujet : « Cum Forestus de aliquo vulnerato, cui indoctus chirurgus omentum abscidit, cuique reliquum suppuratione porro abscessit, quod cum curatus fuerit, non melius se vestiverit, nec a frigore læsus fuerit beneque comederit, memoret ; cum etiam in herniarum operatione omentum sæpe resecetur, absque frigoris sensu aut coctionis detrimento remanente, usum hunc alii firmo stare talo non autument. Attamen, cum exempla in contrarium adsint, et gladiator, de quo Galenus loquitur, gracilior fuerit, in macilentis subjectis omenti præsentiam aut absentiam plus prodesse aut obesse quam quidem in obesioribus, in hac historiarum collisione inferre debemus. » — Toutefois quelques auteurs modernes, entre autres Huschke (Traité de Splanchn., trad. de Jourdan, p. 196), ne donnent pas aussi formellement tort à Galien, et admettent que la situation de l’épiploon et la sécrétion graisseuse dont il est le siège font qu’il maintient la chaleur des intestins. — Les usages mécaniques de l’épiploon paraissent beaucoup plus certains ; voy. par exemple le travail de Chaussier (Essai sur la structure et les usages des épiploons, dans Mém. de l’Acad. de Dijon, 1784, p. 118-127 ; Huschke, l. l., p. 195-6). — On trouvera d’amples et curieux détails sur l’histoire et la critique des dénominations et des usages de l’épiploon dans la thèse de Ziegerus, soutenue sous la présidence de Rivinus. Ziegerus, comme son maître Rivinus, cherche à prouver, par une