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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

ment, un corps d’une substance à la fois dense, légère et chaude (épiploon) : dense, pour retenir intérieurement la chaleur naturelle ; légère, pour échauffer sans nuire et sans comprimer ; chaude (ceci n’a pas besoin d’explication), parce qu’elle était créée précisément pour échauffer. Une substance à la fois légère et dense devait être nécessairement membraneuse ; peut-on trouver, en effet, dans l’animal une autre partie plus légère et plus dense ? Pour être chaude, elle doit être pourvue de nombreux vaisseaux, veines et artères, et enveloppée d’une graisse abondante. Qu’elle soit une substance chaude, c’est ce qu’indique la sensation à ceux qui en emploient la graisse en guise d’huile ; cela n’est pas moins prouvé par la facilité avec laquelle elle prend feu, circonstance qui démontre quelle affinité elle a par nature avec la flamme ; car rien de ce qui est froid ne brûle aisément.

Vous reconnaissez déjà par ce que je viens de dire la membrane appelée épiploon (ἐπίπλοον[1], épiploon gastro-colique, et épipl. gastro-hépatique), composée de deux tuniques superposées, denses et minces, d’artères et de veines nombreuses et d’une graisse abondante. Vous reconnaîtrez manifestement que cette membrane est faite pour échauffer, si vous considérez les personnes blessées à l’épigastre, et chez qui une partie de l’épiploon s’étant échappée par la blessure et devenant livide, il y a nécessité pour les médecins d’opérer l’ablation de la partie affectée. Tous ces blessés sentent leur estomac refroidi, ils digèrent moins bien et ont besoin d’être plus couverts, surtout quand la partie enlevée est d’une étendue notable. Nous-même avons fait une ablation presque complète de l’épiploon à un gladiateur blessé dans cette région. L’homme guérit promptement, mais il était devenu si sensible, si impressionnable au froid extérieur, qu’il ne pouvait endurer d’avoir le ventre (κοιλία) découvert, et qu’il l’enveloppait constamment de laine[2] ;

  1. Les anciens Grecs, suivant Galien, dans le Manuel des dissections (VI, v, init.), disaient ἐπίπλοον, ou ἐπίπλουν ; voy. la Dissertation sur les termes anatomiques.
  2. « On a dit que la graisse du grand épiploon servait à entretenir une chaleur utile dans l’estomac et les intestins, tandis que le foie faisait en haut, pour l’estomac ce que faisait en bas cet épiploon : on croyait ces abris caloriques d’autant plus nécessaires, que l’estomac et l’intestin étaient des parties membraneuses,