lobes n’est pas le même chez tous les animaux, car l’estomac n’a exactement chez tous ni la même forme ni la même grandeur. De plus, comme à sa gauche s’étend la rate, qui a une longueur considérable, il est aussi réchauffé de ce côté par ce viscère. En arrière se trouvent l’épine et les muscles appelés épineux (rachidiens, ῥαχῖται[1]) : celle-ci semblable à un rempart résistant ; ceux-là, comparables à un coussin mollet dont le tissu graisseux réchauffe l’estomac ; toutes les parties qui viennent d’être énumérées ont donc été créées en vue d’une utilité particulière. L’industrieuse nature les a établies près de l’estomac comme des foyers de chaleur[2].
Du reste, la face antérieure de l’estomac n’offrait aucune partie disposée dans un but d’utilité particulière qui pût servir à cet usage (c’est-à-dire à le réchauffer) ; aussi la nature, dans le but même d’accroître la chaleur de l’estomac (cf. IV, xi), n’a pas hésité à créer à sa partie antérieure, pour l’en revêtir compléte-
- ↑ S’agit-il des muscles antérieurs et internes (psoas-iliaque), ou de la masse des muscles postérieurs qui descendent latéralement le long de la colonne vertébrale ? C’est là un point assez obscur que je discute dans la Dissertation sur l’anatomie. — Voy. aussi la Dissertation sur les termes anatomiques.
- ↑ Οἷον θερμάσματα. Hoffmann (l. l., p. 66) doute s’il faut entendre ce mot dans le sens de fomentations, sens que lui donne Hippocrate (Rég. des malad. aig., § 7, t. II, p. 268), ou dans celui de réchauds, θερμαντήρια. Au fond, ces deux sens reviennent au même ; il s’agit de foyers, de réservoirs de chaleur avec lesquels l’estomac est toujours en contact. — Dans le Traité des facultés naturelles (III, vii, t. II, p. 163-64), Galien, après avoir énuméré certaines circonstances qui favorisent la coction, parle non-seulement du foie, de la rate et de l’épiploon (voy. aussi plus loin, chap. ix), comme étant chargés de communiquer leur chaleur à l’estomac, mais il ajoute le cœur et le diaphragme (dans le livre XIV, chap xii, de l’Utilité des parties, il compte aussi le poumon) et il les compare à de nombreux foyers ardents placés autour d’un grand chaudron (καθάπερ τινὶ λέβητι μεγάλῳ πυρὸς ἑστίας πολλάς).