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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, ix.

lobes n’est pas le même chez tous les animaux, car l’estomac n’a exactement chez tous ni la même forme ni la même grandeur. De plus, comme à sa gauche s’étend la rate, qui a une longueur considérable, il est aussi réchauffé de ce côté par ce viscère. En arrière se trouvent l’épine et les muscles appelés épineux (rachidiens, ῥαχῖται[1]) : celle-ci semblable à un rempart résistant ; ceux-là, comparables à un coussin mollet dont le tissu graisseux réchauffe l’estomac ; toutes les parties qui viennent d’être énumérées ont donc été créées en vue d’une utilité particulière. L’industrieuse nature les a établies près de l’estomac comme des foyers de chaleur[2].


Chapitre ix. — L’épiploon (Galien décrit surtout l’épiploon gastro-colique, bien qu’il semble confondre en un seul cet épiploon et le gastro-hépatique, voy. chap. ix initio, et la Dissertation sur l’anatomie) a été créé pour contribuer à échauffer l’estomac ; cela est démontré par la structure de cette membrane, et par les faits pathologiques (ablation partielle ou presque totale de l’épiploon). — De l’étendue comparative de l’épiploon chez l’homme et chez les animaux. — Divers usages et structure du péritoine. — Est-ce une tunique ou une membrane ?


Du reste, la face antérieure de l’estomac n’offrait aucune partie disposée dans un but d’utilité particulière qui pût servir à cet usage (c’est-à-dire à le réchauffer) ; aussi la nature, dans le but même d’accroître la chaleur de l’estomac (cf. IV, xi), n’a pas hésité à créer à sa partie antérieure, pour l’en revêtir compléte-

  1. S’agit-il des muscles antérieurs et internes (psoas-iliaque), ou de la masse des muscles postérieurs qui descendent latéralement le long de la colonne vertébrale ? C’est là un point assez obscur que je discute dans la Dissertation sur l’anatomie. — Voy. aussi la Dissertation sur les termes anatomiques.
  2. Οἷον θερμάσματα. Hoffmann (l. l., p. 66) doute s’il faut entendre ce mot dans le sens de fomentations, sens que lui donne Hippocrate (Rég. des malad. aig., § 7, t. II, p. 268), ou dans celui de réchauds, θερμαντήρια. Au fond, ces deux sens reviennent au même ; il s’agit de foyers, de réservoirs de chaleur avec lesquels l’estomac est toujours en contact. — Dans le Traité des facultés naturelles (III, vii, t. II, p. 163-64), Galien, après avoir énuméré certaines circonstances qui favorisent la coction, parle non-seulement du foie, de la rate et de l’épiploon (voy. aussi plus loin, chap. ix), comme étant chargés de communiquer leur chaleur à l’estomac, mais il ajoute le cœur et le diaphragme (dans le livre XIV, chap xii, de l’Utilité des parties, il compte aussi le poumon) et il les compare à de nombreux foyers ardents placés autour d’un grand chaudron (καθάπερ τινὶ λέβητι μεγάλῳ πυρὸς ἑστίας πολλάς).