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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, viii.

au moyen des fibres transverses. Quant aux intestins, comme ils n’avaient en aucune façon besoin de la faculté attractive, ils ne possèdent que les fibres propres à l’expulsion. De plus, il y a continuité dans la tunique interne de l’estomac, de l’œsophage et de toutes les parties de la bouche. Ces dispositions étaient, en effet, une des conditions les plus favorables à l’attraction (déglutition) des aliments contenus dans la bouche, et à la dépression de la langue, en même temps que des muscles situés près des amygdales ; relevé par la tension simultanée de toutes ces parties, et venant à la rencontre de l’épiglotte, le larynx est bouché par elle, ce qui prévient la chute précipitée des liquides dans le poumon (cf. surtout VII, xvi, et la note correspondante).

Pourquoi le tissu de ces organes est-il plus dur et plus serré que celui des intestins ? C’est que les intestins n’ont d’autre office que de distribuer l’aliment cuit, tandis que l’estomac, l’œsophage et la bouche sont créés pour être résistants. Souvent, en effet, nous avalons des choses dures, volumineuses et rugueuses, qui meurtriraient et écorcheraient les parties, si leur tissu n’était pas dur et serré. C’est pour la même raison que cette tunique, commune à la bouche, à l’œsophage, à l’estomac, se raréfie et se ramollit peu à peu en avançant vers le fond de la cavité ; en sorte que cette dernière partie comparée à la bouche vous paraîtra beaucoup plus molle[1]. Le premier organe auquel se présentent des aliments qui n’ont encore subi aucune élaboration, devait naturellement offrir la plus grande résistance. C’est pour cette raison encore que des veines aboutissent en grand nombre à chacun des intestins, et en petit nombre à l’extrémité inférieure de l’estomac et à la bouche, et qu’elles sont à peine visibles à l’œsophage ; car ce dernier ne devait être que le canal des aliments, tandis que l’estomac est l’organe de la coction et que l’intestin est celui de leur distribution. Là où devait uniquement s’opérer la coction des ali-

  1. « L’estomac est, après l’œsophage, celle des parties du tube alimentaire qui a les parois les plus épaisses. Toutes les tuniques, à l’exception de la séreuse, augmentent d’épaisseur et de solidité de gauche à droite : le grand cul-de-sac est donc la partie la plus mince, et le pylore la plus épaisse. La grande courbure parait aussi avoir des parois plus minces que les parties supérieures du viscère. » — Huschke, Splanchn., p. 48.