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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

puisant dans les veines du foie, de leur côté ces veines l’empruntant aux veines qui vont aux portes du foie, celles-ci la prenant à l’estomac et aux intestins[1], enfin, aucune partie ne pouvant la fournir à l’estomac, l’animal devait remplir ce viscère de matériaux tirés du dehors, et c’est en cela qu’il diffère déjà des plantes.

Les plantes, quoiqu’elles soient certainement douées comme les animaux des quatre facultés énumérées un peu plus haut, n’ont pas le sentiment du besoin ; car elles ne devaient pas se nourrir à l’aide d’une bouche, puisque la terre à laquelle elles sont fixées et enchaînées est pour elles un réservoir inépuisable, où elles trouvent abondamment des aliments toujours renaissants[2].

La substance même des animaux, outre qu’elle n’a aucune affinité avec la terre par les propriétés inhérentes à ses parties, est douée du mouvement volontaire et de la faculté de passer d’une région dans une autre, et de changer de place ; de telle sorte que pour ces deux raisons, il était impossible aux animaux de puiser comme les plantes l’humeur nutritive dans la terre. En conséquence, ils ont été obligés, chacun eu égard à leur diversité de nature, de se nourrir d’herbes, de graines, de fruits ou de la chair d’autres animaux, et de prendre ces aliments au moment où l’estomac en éprouve le besoin.

Mais aucune partie de l’animal n’éprouve par elle-même ce sentiment inné ; cela a été démontré ailleurs[3]. Cette propriété devait donc émaner d’une source étrangère, et arriver, pour ainsi dire, à l’estomac à travers certains conduits (nerfs), en partant du principe commun de la sensation. Une paire de nerfs assez grands (pneumo-gastriques) descend donc à l’estomac, s’y divise,

  1. Voy. dans la Dissertation précitée la figure au trait qui représente ce double mouvement décrit par Galien.
  2. Tout ce passage semble un commentaire de deux phrases d’Aristote (Part. anim., II, iii, p. 234, l. 41, et IV, iv, p. 276, l. 40, éd. Bussemaker) : « Les plantes ont des racines dans la terre, car c’est de là qu’elles tirent un aliment tout préparé ; mais pour les animaux, l’estomac et la puissance (faculté, δύναμις) des intestins sont une terre dont ils doivent tirer leur nourriture. C’est pour cette raison qu’existe le mésentère, substance pour qui les veines qui le parcourent sont comme des racines. »
  3. Cf. Facult. nat., III, vi ; Dogm. Hipp. et Plat., VIII, ix ; Comment. in Aph., II, 20, et la Dissert. sur la physiol.