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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

du sang[1], marquant son usage par cette seule dénomination. En effet, l’humeur provenant des aliments ne pouvait ni passer aisément de l’estomac dans les veines, ni traverser facilement les veines du foie si nombreuses et si étroites, si une humidité ténue et aqueuse ne se mêlait à lui, comme pour lui servir de véhicule. Telle est, pour les animaux, l’utilité [secondaire] de l’eau (cf. V, v-viii). Elle ne peut nourrir aucune partie de l’animal[2], mais l’humeur sortant de l’estomac ne pouvait se distribuer dans les veines que charriée ainsi au moyen d’un liquide.


Chapitre vi. — Les reins ont été créés pour attirer et expulser au dehors l’humeur aqueuse, véhicule du sang proprement dit, et pour décharger ainsi la veine cave d’une humidité inutile (cf. V, v-viii). — La chaleur du foie, et celle plus intense du cœur, rendent le sang coulant ; par conséquent, cette humidité devient inutile, une fois que le sang est arrivé du foie à la veine cave.


Ces humeurs ténues, leur fonction accomplie, ne doivent plus demeurer dans le corps, attendu qu’elles deviendraient pour les veines un fardeau étranger. C’est pour les en décharger qu’existent les reins, organes creux qui attirent par des canaux, et qui expulsent, par d’autres, ce résidu ténu et aqueux. Ils sont situés aux deux cotés de la veine cave (que tout à l’heure nous appelions une très-grande veine), un peu au-dessous du foie, afin que tout le sang qui y afflue se purifie à l’instant, et que, pur désormais, il pénètre dans tout le corps, n’entraînant plus avec lui que très-peu d’humidité aqueuse ; car, pour couler, il n’a plus besoin maintenant d’une quantité considérable de ce véhicule, puisqu’il chemine sur de grandes routes, et qu’il est déjà devenu coulant en fondant d’abord à la chaleur du foie, et plus tard à celle du cœur[3], laquelle est beaucoup plus intense, attendu que chez

  1. Ὓγρασίν τροφῆς ὄχημα, De aliment., in fine. Cf. Hoffmann, l. l., p. 62.
  2. On a beaucoup discuté sur la faculté nutritive de l’eau. Comme le débat remonte jusqu’aux temps hippocratiques, que les arguments pour et contre allégués de part et d’autre sont nombreux et ont un certain intérêt, je réserve la discussion de cette question, qui d’ailleurs est assez compliquée, pour la Dissertation sur la physiologie de Galien. — Voy. du reste G. Stuckius, Antiq. convivialium, III, vi, Tiguri, 1598, fo 316 vo ; Bonamicus, De alimento, III, i-iii, Florent., 1603, p. 256 suiv. ; Nonnius, De re cibaria, IV, iv ; Robin et Verdeil, Chimie anatomique, Paris, 1853, chap. viii, et particulièrement § 779, p. 148.
  3. Cf. Hoffmann, l. l., et la Dissertation précitée.